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YORK QUEBEC 3
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DE ROBERVAL A QUEBEC
Je sors de Montréal, remonte sur Trois-Rivières, puis oblique sur La Tuque. Le parc de la Mauricie se révèle extrêmement beau. Beau et désert ! Je suis presque seul sur la route pendant près de 120 kilomètres. Même la radio ne passe plus Je suis vraiment isolé du monde. Hormis le long ruban d'asphalte, rien ne me rappelle la civilisation. Les forêts succèdent aux forêts, les collines aux collines, et les lacs aux lacs. Dieu que cette région est magnifique ! Marie-Eve a bien fait de me conseiller ce chemin. Je l'en remercie. Soudain, au sommet d'un côte assez prononcée, le lac Saint-Jean apparaît : Immense, majestueux, splendide. Je m'arrête au belvédère pour admire la vue, essayant vainement de deviner l'autre rive. Puis, je plonge vers Roberval. Je m'arrête déposer mes affaires à l'hôtel et je pars à la recherche du musée amérindien, et oui encore un. Je pénètre dans le territoire de la " réserve " et croise une voiture de police. Celle-ci fait prestement demi-tour et me rattrape, toutes sirènes hurlantes. Sans m'en rendre compte, j'étais à 80 au lieu de 30 ! Je ne suis pas fier Heureusement, le policier est indien, et ma recherche du musée l'amadou. Et puis, je ne suis qu'un pauvre touriste, j'ai le droit à l'erreur . Je m'en tire avec une réprimande verbale : Merci monsieur l'agent, je n'aurais pas vraiment apprécié les 200$Can d'amende ! Je repars prudemment et découvre, grâce aux indications du policier, le musée des indiens Mashtseuiatsh. Il est assez petit, mais pas inintéressant pour autant. De plus, la guide est ravissante Finalement, c'est une très bonne journée qui se poursuit. Je rentre à l'hôtel, déguste au restaurant un excellent steak de wapiti accompagné de sa sauce aux bleuets et je pars au royaume des rêves. Non sans avoir bien rigolé devant ma télé et le Festival Juste pour Rire de Montréal, présentant Peter Mc Léod et son sketch du dragueur se réveillant au matin à côté d'une vieille femme très grosse, qu'il avait vu belle la veille au soir. J'en au eu les larmes aux yeux tellement c'était drôle. J'apprends sur cette même télé que, la nuit précédente, il a gelé à Roberval ! L'hiver est bien précoce ici
Ici, sont regroupés la quasi-totalité des espèces des régions nordiques. Soit en enclos, sois dans un vaste espace ouvert, que l'on visite à bord d'un train grillagé et aménagé pour résister aux rencontres avec d'éventuels ours énervés. Je me fais vraiment plaisir devant les pumas, les lynx, les grizzlys et autres rapaces de toutes sortes. Le clou du spectacle pour les animaux en enclos, étant l'incroyable ours polaire. On dirait une grosse peluche Mais, il faut sans doute de le rencontrer en pleine nature. C'est un colosse de près d'une tonne. Je ne crois pas faire le poids ! Puis, je prends le petit train qui part nous promener dans la réserve. On y croise des ours noirs, des orignaux, des caribous et quantités d'autres animaux plus attendrissants les uns que les autres. On y trouve même une meute de loups, animaux que j'aime par-dessus tout, enfermés dans un enclos à part, parce que trop dangereux pour le reste de la faune. A midi, au snack du zoo, je me délecte d'un vrai repas québécois, encore un : Tourtière et tarte au sucre : Un régal ! Je prends enfin le chemin du retour, en conseillant à tous la visite de ce merveilleux zoo. Je retourne à l'hôtel, y déguste une délicieuse ouananiche (le saumon local), tout surpris de trouver dans ce restaurant plutôt chic, 3 motards, 3 vrais bikers, venus déguster quelques mets fins. Ca c'est l'Amérique ! Je m'endors une nouvelle fois devant la télé et un film de Pagnol, que je ne savais pas si connu au Québec : un peu de Provence sur les bords du lac Saint-Jean !
XVII
Ce long serpent de bitume traverse des lieux véritablement magnifiques. A cette époque de l'année, les couleurs des feuillages n'en sont encore qu'à leurs prémices, mais déjà la symphonie multicolore est d'un ravissement incomparable. Je ne vois pas les heures ni les kilomètres défiler, tant je suis absorbé par la beauté de ce fjord. Parvenu au Saint-Laurent, j'oblique à droite vers Québec. Peut-être vais-je enfin pouvoir découvrir cette région de Charlevoix que l'on loue tant ? Et bien non ! Le soleil se cache et la pluie puis le brouillard m'accueillent, comme en 1998 ! Décidemment, ce coin du Québec se refuse obstinément à moi La route devient vite pénible. Je ne vois pas à 20 mètres, aveuglé par un brouillard d'une rare intensité et par les " embruns " jaillissant des roues des camions remplis de bois. L'excursion se transforme en aventure ! Heureusement, les derniers reliefs de Charlevoix passés, le temps redevient, si ce n'est beau, du moins agréable, et c'est tranquillement que je pénètre dans cette bonne ville de Québec. Je m'installe à une table de restaurant et je regarde la ville vivre et bouger autour de moi. Ce soir, je retrouve mes amis : Je me rends compte combien il est étrange de rester vraiment seul pendant des journées entières, sans personne avec qui partager ses émotions et ses rêves Je réalise qu'il m'a manqué un témoin de mes deux semaines, ou presque, québécoise. On vit les choses moins intensément quand on a personne avec qui partager son bonheur ! Toujours assis à ma table, contemplant la chaise vide devant moi, je me dis que c'est parfois cela la solitude : Une chaise vide au restaurant La tension retombe. Ce doit être le fait de me retrouver dans un endroit familier. Pour combattre ce petit moment de spleen qui m'assaille, je me force à penser à autre chose. Je m'invente un trait d'humour pour m'aider à ne pas avoir peur du lendemain et à vivre pleinement l'instant présent : Le futur seul nous dira ce que l'avenir nous réserve ! Philosophique, non ? Enfin, je parle, je parle, et voici bientôt l'heure de me rendre à saint-Nicolas. Je profite des quelques minutes qu'il me reste pour déambuler dans la superbe vieille ville, puis je pars à la rencontre de Marie-Eve. Les retrouvailles sont chaleureuses, Marie-Eve veut tout savoir de mes aventures québéco-américaines. Elle m'apprend hélas que Christian a dû partir pour San Francisco le matin même. Je ne pourrais donc pas faire plus ample connaissance avec lui, après les bons débuts du boulevard la Morille, quelques mois auparavant, dommage ! Je prépare avec mon hôtesse le programme de mes trois journées suivantes. Je crois que je n'aurais pas le temps de m'ennuyer !
Je me rends dans une boutique que je connais déjà pour y avoir acheté mon chapeau de cow-boy, l'hiver précédent. Cette fois-ci, j'ai repéré une veste d'hiver, un blouson magnifique Pour moi qui aime les loups, il est parfait avec ses broderies au dos ! J'y achète aussi un chapeau pour une amie qui a craqué pour le mien, et qui en fait la collection. Des dépenses folles, mais après tout, cela fait du bien d'être fou de temps en temps. Je vais ensuite dans un restaurant traditionnel québécois dans lequel j'avais déjà dîné avec Marie-Eve, et me régale de plats typiques : Pâté chinois, pâtisseries Quelle bonne journée ! Je repars ensuite sur la superbe Place Royale qui orne Québec, telle un bijou finement ciselé. Je finis mon escapade par un détour au magasin Archambault, histoire de compléter mes connaissances en matière de livres et de disques québécois.
La soirée est joyeuse. J'exhibe mon blouson qui fait l'unanimité, puis on discute longuement : Sur nos aventures en Provence, sur la venue de mon cousin JP quelques mois auparavant, sur le Québec, sur tout et sur rien. Bref, on est bien ! Ils partent finalement, et nous partageons nos désirs de retrouvailles rapides, espérons-le Je pars me coucher, satisfait au plus haut point par cette journée parfaite. Demain, je pars à l'île aux Coudres, et j'espère bien y découvrir un Charlevoix ensoleillé !
Une petite heure de route m'amène directement à l'embarcadère du traversier. Celui-ci est encore sur l'île, et il va nous falloir patienter quelques minutes avant de franchir le petit bras de fleuve. Je profite de ce répit pour réviser mon guide du Routard à propos des lieux à voir absolument sur l'île, ainsi que pour y dénicher un restaurant sympathique. Le traversier accoste et le flot de véhicule se rue dans le navire. Le temps d'une courte navigation et le flot reprend sa ruée vers l'intérieur des terres. Il est conseillé de faire le tour de l'île en vélo, les loueurs sont d'ailleurs relativement nombreux, mais, étant seul, je ne parviens pas à me convaincre de l'absolu nécessité d'une telle balade " cyclo-buccolique ". C'est donc en voiture que je m'en vais sillonner les routes de ce bout de terre émergée. L'endroit est calme, reposant. On se croirait coupé réellement du monde. La foule, le tumulte de la circulation, tout ceci me semble déjà si loin. Un peu de repos pour une âme urbaine ! Parsemant le bord de mer, de vieux bateaux agonisent, attendant vainement l'heure d'une nouvelle croisière, d'une nouvelle traversée. Les " voitures d'eau ", ces goélettes splendides qui ont permis de relier les îliens au reste de la province pendant si longtemps sont maintenant abandonnés au profit de ce traversier si pratique pour amener les touristes. Comme souvent, le tourisme a remplacé la pêche dans l'économie locale, sauvant l'île d'un exode massif et définitif. Mais, en mémoire de ces voitures d'eau autrefois si majestueuses, on leur a consacré un petit musée, rappelant à tous, les souvenirs d'un passé laborieux. Je stoppe bientôt devant un restaurant tout mignon, tout en bois et disposant d'une vue magistrale sur l'autre rive. Le repas est excellent, et surtout démesurément copieux ! Après, on viendra me dire que je suis trop gros Ce n'est pas de ma faute si on mange si bien ici ! Je repars pour un dernier tour complet de l'île, par la route du littoral. Les maisons sont superbes, les plages superbes, la vue sur la rive opposée superbe Que dire de plus ? C'est beau ! Je me retrouve bientôt au bord du quai et rembarque pour la traversée de retour. Je profite du beau temps pour prendre quelques photos de Charlevoix. Cela valait le coup d'attendre le soleil pour revenir ici : J'aime cette région. Je prends le chemin de Québec mais, parvenu à la capitale, je me perds dans les sorties et me retrouve à tourner en rond désespérément. Heureusement, je découvre la direction des Plaines d'Abraham et de la Grande Allée. Au mois, même si je fais un détour, je suis sûr de pouvoir gagner Saint Nicolas avant la nuit. Et c'est ainsi que je me retrouve chez Marie-Eve, lui racontant par le détail ma belle journée. Le soir venu, je regarde avec elle une émission intitulée " les copines ", qui, comme son nom l'indique, est réservée aux filles. Mais cela ne me dérange pas. Je ne suis pas machiste pour deux sous, et je rigole de bon cur à leurs plaisanteries. Marie-Eve me conseille d'aller voir le lendemain les chutes Chaudière, qui se trouvent non loin de chez elle. Elle les trouve plus jolies et surtout plus sauvages, moins touristiques que la chute Montmorency. J'irai donc voir !
Ici, malgré quelques aménagements destinés surtout, je pense, à préserver les quartiers résidentiels environnants, la rivière est restée très sauvage. Une passerelle franchit cette dernière en contrebas des chutes, et offre une vue imprenable sur le spectacle. De plus, les premières couleurs de l'automne sont de sortie. L'ensemble crée un décor valant bien la peine de se déplacer jusqu'ici. Je ne suis pas déçu et oublie même la pluie qui commence à tomber. Je ne manquerais pas de remercier ce soir Marie-Eve pour ses conseils avisés. Je quitte ce coin de Paradis à regrets et gagne mon restaurant favori, dans la vieille ville. Je m'y régale une nouvelle fois de mets québécois et, notamment, d'une tarte à l'érable d'anthologie ! Mais, les bonnes choses ayant une fin, je dois rejoindre Saint Nicolas : Un sac m'y attends et, je ne sais pas encore comment je vais faire pour le fermer. Enfin, on verra bien Après de longues minutes d'efforts et de luttes, toutes mes affaires trouvent leur place dans mes bagages. Ouf ! Cela n'a pas été de tout repos. Je m'installe une dernière fois devant la télévision québécoise, profitant d'une émission avec Eric Lapointe et son guitariste-producteur, Stéphane Dufour. Voilà qui va bien avec mon côté rocker ! Enfin, Marie-Eve rentre, et nous profitons de ces quelques heures à passer ensemble pour discuter et rire. Je crois que nous nous entendons bien, après tout. Malgré nos différences culturelles. Le soir, nous disputons une partie de Scrabble que je remporte haut la main, mettant à profit mes aspirations littéraires. Je prends ma revanche sur les leçons de patinage sur glace prises l'hiver dernier Puis, la nuit vient, ma dernière au Québec ! |