NEW YORK QUEBEC

INTRODUCTION

Il sera dit que l'année 2000 restera pour moi celle du Québec ! En effet, nous voici arrivé au 21 Août et, à peine plus de 6 mois après mon retour de mes aventures au pays de l'hiver, voilà que je me retrouve une nouvelle fois prêt à embarquer vers ma destination préférée. Pour ne pas dire unique…

Mais, ce séjour va être empli de nouveautés : Nouveau lieu d'hébergement, puisque Marie-Eve a encore une fois déménagée. Nouveauté dans mon parcours car, cette fois-ci, je m'en vais faire le tour de la Gaspésie. Et, nouveau pays : Et oui ! Je me suis enfin décidé à aller voir du côté des Etats-Unis. Plus précisément à New-York. La grosse pomme où je vais rejoindre mon cousin JP et un copain. Un sacré voyage de fou, comme dirait une certaine québécoise !

Et puis, je dois reconnaître que le Québec me manquait déjà. Je me sentais, en quelque sorte, en mal d'un pays qui n'est même pas le mien… Je me devais à moi-même de repartir en ce petit bout de Terre si cher à mon cœur. Alors, dès que j'ai eu mes tickets d'avion en poche, je n'ai pu m'empêcher mon cerveau de repartir errer au long de ce fleuve qui se voudrait mer, au cœur de ces forêts qui se voudraient impénétrables et pourtant accueillantes, au milieu de ce peuple avec qui je me sens, comme rarement, tellement bien !

 

RETOUR A MONTREAL


I


26 AOUT 2000 :


Je suis maintenant un vieil habitué des aérogares. Presque blasé… Mon seul souci est que je sais que j'aurais nettement moins de place dans l'avion que lors de mon précédent voyage : Nous ne sommes plus en hiver !

Je me lève un peu avant l'aube. Tout excité à l'idée de m'envoler une nouvelle, mais sans doute pas dernière, fois vers le Québec. Tout est réglé d'avance, pour une fois, j'ai pris quelques précautions. Ma voiture est réservée et m'attend à l'aéroport, et mon hôtel, sur Sherbrooke, m'attend également. Ce coups-ci, pas de surprise… J'embarque dans l'avion pour Zurich. Le temps est clair et le vol se déroule tranquillement. Le survol des Alpes est toujours un moment agréable, comblant mes yeux de multiples merveilles.

L'attente dans l'aérogare me paraît moins longue que lors de mon précédent passage. Sans doute la force de l'habitude. Puis, je décolle enfin en direction de Montréal, ma ville " chouchou ". Comme prévu, l'avion est plein, mais le voyage se déroule sans anicroche. Enfin, après ces nouveaux mois d'attente, et ces longues heures interminables au-dessus de l'Atlantique, je foule le sol québécois. Me voici de retour !

Dès les premiers pas dans les couloirs menant à la douane, je sens la différence : Ici, les douaniers et les agents de sécurité, postés çà et là, ont le sourire ! Cela change de certains fonctionnaires… Je passe la barrière administrative sans encombre. Un petit tampon sur le passeport et je pénètre en territoire canadien. Je récupère mes bagages puis me dirige vers les comptoirs des agences de location de véhicule pour prendre possession de ma voiture.

Là, une surprise me tombe dessus : Aucune réservation n'a été validée ! Ce n'était pas vraiment le début de séjour auquel j'avais rêvé. Heureusement, j'ai avec moi la facture et, après un coup de téléphone, le responsable accepte finalement de me servir. J'hérite même, en prévision de la longueur annoncée de mes trajets, d'un modèle de voiture plus spacieux. Je peux enfin quitter Dorval et me plonger au cœur de la cité de Maisonneuve.
Sur la route, j'allume la radio et retrouve mes stations québécoises préférées. A cette heure de la fin d'après-midi, elles diffusent toutes des programmes consacrés au " retour à la maison ", destinés entre autre à faire patienter les citadins bloqués dans les embouteillages, à force de musique et d'humour. Ce nom là a une signification toute particulière pour moi. En effet, dans mon cœur, cette journée, cette heure, est en quelque sorte un " retour à la maison ". Cette maison, ce pays, cette province où je me sens si bien. Où je me sens à ma place.

Il est tard et, décalage horaire aidant, je n'ai pas envie de m'éterniser sur la route. Heureusement, la rue Sherbrooke est une des artères principales de Montréal, et l'hôtel du château de l'Argoat, bien indiqué.

Je gare ma voiture derrière celui-ci, en sachant qu'elle serait là pour les jours suivants, jusqu'au mardi, puisque j'ai décidé de m'octroyer deux jours complets dans Montréal. Histoire de prendre le rythme nord-américain. Je monte dans ma chambre et allume la télé. C'est encore le meilleur moyen que j'ai trouvé pour prendre la température des événements locaux et m'immerger dans une société étrangère. Je zappe de chaîne en chaîne, parcourant la diversité du réseau câblé québécois. Je découvre même, en souriant, un chaîne consacrée 24h/24 à la musique country ! Un peu ça va, mais au bout d'un moment, ça lasse… A mon goût.

Puis, gagné par la fatigue, je m'endors doucement, m'enfonçant dans le calme et le bonheur de ma première nuit québécoise…

 

II

Dimanche 27 Août 2000 :

Je me réveille bien tôt. Comme à chaque premier jour de mes voyages. Je me lève après une petite séance de paresse matinale et je descends pour errer en ville. Je n'ai pas de programme pour ces deux jours à Montréal, juste l'envie de redécouvrir ces lieux que je connais déjà si bien.

Ceci va d'ailleurs entraîner ma plus grande erreur en ce qui concerne la gestion du décalage horaire. En effet, des repas pris à des heures très décalées, et des nuits aux horaires inhabituels vont faire que mon départ de Montréal me verra aussi fatigué qu'à mon arrivée ; Il est vraiment difficile de s'adapter au décalage horaire si on n'observe pas un relative rigueur au début. Ceci est un petit conseil gratuit à tous les futurs candidats au tourisme.

Mes premiers pas me mènent, comme toujours, dans la ville souterraine, pour magasiner un peu. Là, je tombe sur un bel écran d'information orné d'un beau logo Microsoft (merci pour la pub !) affichant un superbe " Fatal Error System " (merci pour la pub…). Je me dis que, finalement, l'informatique n'est pas encore au point, même ici, au cœur du monde " civilisé ".

Puis, je sors et erre dans les rues animées et touristiques, et dans d'autres, plus calmes. Finalement, je décide de m'offrir une nouvelle visite au musée archéologique de la Pointe-à-Callières. Je l'ai déjà vu, mais la découverte de ces constructions datant de l'époque des premiers colons, et même, pour certaines, provenant des premiers amérindiens, provoque toujours chez moi la même émotion. Celle d'un monde perdu, celle d'un temps qui s'écoule inexorablement. Je visite le musé pendant que sur la place d'Youville le bordant se déroule les fêtes de la Nouvelle-France, avec le marché médiéval et les animations en costumes. Le tout s'effectuant au cœur même de la vieille ville, au milieu des bâtiments anciens. L'ambiance est bon enfant et tout n'est que sourire et bonne humeur.

Je laisse aller mes pas au long des ruelles du vieux Montréal, pendant quelques heures, puis je regagne mon hôtel : Fourbu mais satisfait de ma journée montréalaise. Je suis heureux, tellement heureux d'avoir retrouvé le Québec. Demain, mon immersion sera plus grande encore ; Je ne vais rien faire, juste respirer à fond et m'imprégner de l'atmosphère de cette si grande métropole à taille humaine.

Je m'endors rapidement. Ce n'est pas ici que j'aurais des problèmes d'insomnies, cela est certain !

 

III

Lundi 28 Août 2000 :

Le lundi arrive. Je me précipite doucement (!?!) à l'extérieur. Non sans avoir pris le temps d'avaler un solide petit-déjeuner continental.

Aujourd'hui, je sais que je vais beaucoup marcher, puisque tel est mon but : Parcourir Montréal à ma guise. Sans plan précis, à pied, les yeux et les sens grands ouverts. Bien sûr, je vais aller au HMV voir un peu les disques, bien sûr, je vais arpenter les couloirs de la ville souterraine, bien sûr, je vais me promener sur le Vieux-Port le long du Saint-Laurent, ce fleuve qui coule en moi depuis toujours.

Dans mes veines, ce n'est pas du sang qui circule, mais l'eau, parfois sale, polluée, souillée et meurtrie, mais toujours prodigue et féconde de ce fleuve immense et puissant. " J'habite un fleuve en haute Amérique " comme dirait R.Charlebois.

Cette journée se passe assez vite en fin de compte. Ceci est sans doute la preuve que je me sens vraiment bien. Le soir, la télé annonce la venue au Québec, pour la 1ère fois depuis près de 25 ans, d'un autre français (belge plus précisément) un peu plus célèbre que moi. Johnny Hallyday. L'homme aux 100 millions d'albums vendus, qui vient donner un concert dans le théâtre situé non loin de mon hôtel, dans 2 ou 3 jours. Une chaîne organise même une journée spéciale, en rediffusant ses meilleures chansons, notamment celles des années 70. Ce n'est pas pour me déplaire, je l'avoue.

 

IV

Mardi 29 Août 2000 :

Après un nouveau réveil bien matinal, me voici prêt à affronter les longues autoroutes québécoises : Gaspésie me voilà ! Enfin, pas tout à fait la Gaspésie… Je m'en vais tout d'abord faire une halte dans la région du Bas Saint-Laurent. Plus précisément à Rimouski.

Je quitte l'hôtel, non sans avoir réservé une chambre pour mon prochain passage à Montréal, à mon retour de New York. Le réceptionniste, de part mon accent, me prends pour un… Parisien ! Il y a des moments où l'on aurait envie de se fâcher…Ce n'est pas parce que l'on est français que l'on est automatiquement parisien. Il va falloir que je travaille un peu mon accent provençal !

Je me mets en route, sous un chaud soleil estival. Je prends l'autoroute et m'enfonce vers le Nord. Tout à coup, la voiture qui me précède ralentis sans raison. Boîte automatique et régulateur de vitesse aidant, mes réflexes sont un peu mous, et quelques secondes se passent avant que je réalise que le conducteur fais plus que ralentir : Il s'arrête, là, en plein sur l'autoroute ! C'est alors que je comprends tout. En effet, contre toute attente, une voie ferrée traverse la chaussée, et un train arrive à allure modérée. Je crois que si j'avais été seul sur la route, je n'aurais jamais fais attention à cet inattendu passage à niveau. Quelle frayeur rétrospective !

Les barrières se relèvent et je reprends mon chemin vers Rimouski. Le voyage se déroule sans encombre jusqu'à destination. Seulement animé par la beauté des paysages et un panneau publicitaire annonçant un restaurant, sans doute fameux, situé à Québec. A 77 kilomètres de là… Les grands espaces et les distances infinies se rappellent à moi de manière singulière.

Finalement, j'arrive à Rimouski en milieu d'après-midi. Je me dégotte une chambre d'hôtel, chose peu évidente puisque la ville vit au rythme d'un festival international de Jazz assez côté. Je m'en vais souper dans un restaurant du centre-ville. Une cité qui se révèle assez banale. Mais, ce qui compte ici ce sont les activités à faire tout autour. Activités que je m'apprête à réaliser demain, pour une grande journée d'aventure !

 

V

Mercredi 30 août :

Aujourd'hui va être une journée sportive. Le ciel est assez bas, emprisonnant le fleuve sous une chape grise. Mais il ne pleut pas. Alors, je vais pouvoir randonner à loisir.

Je pars tout d'abord dans le sud de Rimouski, visiter le parc du Bic. Je me gare dans la forêt et entame l'ascension des 347 mètres du pic de Champlain, en haut duquel est installé un belvédère dominant toute la région. La montée est rude et grignote sérieusement mon potentiel physique. Heureusement, le décor vaut à lui seul la peine que je me donne. Arrivé au sommet, la vue est magnifique, malgré la météo peu clémente. Les villages disséminés au fond des criques, le fleuve immense et les forêts à perte de vue m'enthousiasment.

Mon guide m'apprends que devant moi, dans le fleuve, s'est produit un événement qui a marqué toute la région en 1914 Le naufrage du Empress of Ireland qui a fait plus de morts que celui du Titanic. Tous étaient des immigrants irlandais qui fuyaient la misère et la grande famine qui ravageaient leur pays.

Je redescends de mon promontoire et vais plus près du fleuve. Très près puisqu'il est à marée basse. Et oui, au Québec, la marée se ressent même dans le Saint-Laurent, ce fleuve-mer, et atteint 3 à 5 mètres. Je gagne la baie des Ah ! Ah !, appelée ainsi en raison des exclamations des premiers pionniers devant la beauté sauvage du site. Et, en effet, c'est magnifique. Un vrai décor de film d'aventure. Tout est sauvage et puissant ! Je profite de l'heure de la marée pour faire le tour de l'île toute proche. L'île aux Amours, celle-ci doit son nom du fait que les amants pouvaient s'y rendre à pieds secs puis s'y retrouver isolés du monde en profitant de la remontée des eaux. Ils pouvaient ainsi abriter dans cette île majestueuse leurs amours parfois coupables. Je regagne la berge tout en observant les flots recouvrir la grève de galets qui relie l'île à la terre.

Je suis déjà un peu fatigué par les 3 longues heures de marche que je viens d'effectuer ce matin, mais ceci ne m'empêche pas de reprendre la voiture pour me diriger courageusement vers le canyon des Portes de l'Enfer, qui abrite la passerelle suspendue la plus haute du Québec, avec ses 63 mètres. Malgré mon vertige chronique, je ne peux pas manquer cela !

Le décor est somptueux, un vrai rêve. Des arbres par milliers et, au milieu, une rivière tumultueuse parsemée d'innombrables rapides et chutes. Je pars sur le chemin et arrive rapidement à la passerelle. Celle-ci est en bois et ressemble à ces ponts précaires qui furent bâtis aux origines de l'occupation humaine. La vue est impressionnante ! Je décide de descendre au bord de la rivière pour admirer la vue en contre-plongée. Environ 300 marches à descendre… Puis à remonter ! L'entrée des marches est d'ailleurs signalée d'un panneau : " La Descente Aux enfers ". Le décor est exceptionnel de beauté, de force, de sérénité. Je m'y plonge goulûment de savoure chaque parcelle qui s'offre à mes yeux étonnés.

Enfin, je rejoins la voiture, complètement épuisé, presque à bout de force. Mais tellement heureux ! Je m'en retourne à Rimouski des images plein les yeux. Je m'attable à un restaurant et écoute avec amusement mes voisins râler. Ce sont des français bien sûr ! Râleurs mais pas bien méchants. En fait, je crois qu'ils sont perdus au milieu de plats aux noms inconnus, de mots et d'expressions incompréhensibles et des serveurs à l'accent indéchiffrable. Bienvenue au Québec, messieurs dames !

Je m'en retourne à l'hôtel, profiter d'une nuit de sommeil bien méritée. Avant cela, je regarde à la télé une diffusion de la Ligue d'Improvisation. Les comédiens s'en donnent de bon cœur et leur humour est communicatif. C'est en riant que je m'endors vers de beaux rêves. Demain, je prends la route de Gaspé. Une longue journée de conduite m'attend.

 

VI

Jeudi 31 Août :

La route de la Gaspésie est épuisante. Epuisante mais tellement belle. Le décor est magnifique tout au long du fleuve. Par moment, cela ma rappelle la Bretagne, que je ne connais pas en dehors des photos, et de Sausset-les-Pins, Carry, enfin toutes les petites villes de la Côte Bleue. Une alternance de falaises abruptes et de rochers affleurant de l'eau.

La route est longue et je me retrouve souvent bloqué derrière des camping-cars modèles XXXl ! La plupart sont des Etats-Unis et proviennent même de Californie. Une distance incroyable pour ces véritables maisons roulantes. Tous traînent derrière eux, attachée en remorque, la voiture familiale. Le seul problème est leur vitesse extrêmement lente, qui a le don, à force, de m'énerver un tout petit peu… Difficile d'admirer le paysage lorsqu'on doit rester concentrer sur le véhicule qui nous précède !

Je profite d'une station service au sommet d'une côte pour entrer dans une cabine téléphonique pendant que le pompiste fait le plein. La vue que j'ai sur le fleuve pendant que je téléphone est grandiose. C'est ici que le Saint-Laurent devient mer. D'où je suis, malgré l'élévation du terrain, je n'aperçois, je ne devine même pas l'autre rive ! C'est absolument incroyable.

Je joins Marie-Eve pour la prévenir de mon arrivée. J'espère fixer une date avec elle pour faire une étape lors de ma route vers New york. J'ai oublié que le lundi qui arrive est le premier de septembre, donc jour de fête du travail au Québec. Marie-Eve va, comme tous les québécois, profiter de ce jour pour prendre un grand week-end de trois jours. Heureusement, elle sera de retour en soirée, nous pourrons donc nous voir.

Après cela je contacte des amis en France, pour briser un peu ma solitude qui dure déjà depuis 6 jours. J'aime le Québec, mais j'ai besoin du contact de mes amis pour me sentir tout à fait bien ! Ensuite, je finis de vider ma carte de téléphone avec ma mère qui me donne par téléphone les indications fournies par mon cousin pour rejoindre l'hôtel à New York : Cela promet !

Je repars enfin vers Gaspé. Les milliers d'arbre qui m'entourent à l'approche de la ville me donnent une impression de " forêt du bout du monde ! " Je suis entouré, aspiré par cet univers végétal. Je m'y plonge, le traverse et ressors pour tomber dans Gaspé. Que dire d'ici ? La localité est d'une extrême banalité, un peu comme Rimouski. Le plus important est constitué par les paysages tout alentour ! En tous cas, je ne pourrais sans doute pas vivre ici : C'est vraiment, vraiment, trop loin de tout ! On se sent isolé du reste du Québec. La Gaspésie est une île…

 

VII

Vendredi 01 Septembre :

J'ai assez mal dormi cette nuit, l'hôtel était un peu bruyant. En plus, le temps au dehors n'est pas fait pour me redonner un coup de fouet. Il pleut. Une petite pluie fine, une espèce de crachin assez frais. Cela ne me donne pas envie de m'aventurer de trop à l'extérieur. J'en profite alors pour visiter le petit musée situé à l'entrée de la ville. Le musée de la Gaspésie. Celui-ci a été créé à l'endroit où, le 24 juillet 1534, Jacques Cartier pris possession du Canada. La visite est assez intéressante, on peut voir de nombreux petits objets d'époque, mais un peu courte.
Ensuite, profitant de l'arrêt de la pluie, je me dirige vers les musée des indiens Mic-Mac. Indiens qui ont fourni le nom de Gaspésie, puisque Gespeg signifie en langue Mic-Mac : " La fin des terres ". Le musée est en grande partie en extérieur. Le guide nous fait découvrir la différence entre les Wigwam en écorce de bouleau des sédentaires et les Tee-Pees en peaux et fourrures des nomades. Puis il nous présente les différents pièges et armes de ses ancêtres : Pièges à ours et orignal, arc, flèche... Après cela il nous fait une démonstration de l'allumage du feu au moyen d'une corde et d'un bâton. Je suis sidéré par la rapidité de la chose. La prochaine je le ferais venir pour allumer mon barbecue ! J'en découvre ainsi un peu plus sur les amérindiens, après mes visites aux indiens Hurons de Québec.

Le Soleil est revenu. Je peux donc m'en aller dans la nature. Le parc Forillon m'offre ses espaces immenses. De la forêt aux plages sablonneuses en passant par les falaises rocheuses, il y en a pour tous les goûts. Je descends au bord de mer, de fleuve pardon, et je regarde l'estuaire gigantesque. La fin des terres est réellement ici !

Je pars faire un petit tour dans les chemins alentour où subsistent quelques maisons bien vieilles. J'ai l'impression de faire partie d'un épisode de la Petite Maison dans la Prairie. Tout est en bois et se marie idéalement avec le paysage. De belles demeures, sans doute de pêcheurs. Je laisse aller mes pas le long de l'eau, puis je me décide à entamer l'ascension du mont Saint-Alban et ses 280 mètres. Le chemin serpente entre les arbres, me faisant découvrir au détour d'un virage un porc-épic qui traverse tranquillement. Il n'est pas impressionné par ma présence et se laisse photographier sans broncher. La fin de ma balade est exténuante mais l'arrivée au sommet me laisse sans voix. C'est tellement beau ! La vue est fabuleuse sur le fleuve et les terres. On se sent vraiment tout petit…

Je redescends et me dirige en voiture vers le Cap-des-Rosiers où l'on trouve, parait-il pas mal d'animaux. Dans l'eau de la crique, des plongeurs ont le courage de se baigner dans les eaux froides. Un courage récompensé par la présence de phoques tout mignons. L'un des plongeurs m'explique que les phoques jouent avec eux sous l'eau, nageant avec eux, leur mordillant les palmes. Je comprends leur plaisir ! Derrière, à l'arrivée d'un petit ruisseau, un barrage de castor attire mon attention. Je reste quelques minutes immobile, dans l'obscurité naissante. Je parviens à apercevoir de petites têtes signalées par un sillon tracé dans l'eau par les pattes palmées des rongeurs. Mais, il est difficile d'en voir plus. Les castors sont des petites bêtes méfiantes.

Je m'en vais enfin, peu désireux de rester seul ici la nuit, dans un lieu fréquenté par les ours ! D'ailleurs toutes les poubelles sont équipées d'un couvercle interdisant leur ouverture par les ours. Et il conseillé de faire bien attention ! Je rentre donc en ville et décide de me payer un petit restaurant gastronomique. Le Café des artistes, conseillé par mon guide touristique. Le décor est agréable, la vue intéressante et le repas pas mauvais du tout. Le prix est peut-être un peu élevé, mais, j'ai 28 ans aujourd'hui, Ca se fête, non ?

Je rentre enfin dormir, enchanté par ma journée et content de mon repas de gourmet. Demain, j'espère que la journée sera aussi agréable, et surtout que le temps restera au beau, je vais en avoir besoin !


VIII

Samedi 02 Septembre :

En ce beau samedi ensoleillé, ma destination se nomme Percé. Un bien curieux nom me direz-vous ? Il provient tout simplement du gigantesque rocher qui protège son petit port. Ce rocher est troué de part en part, d'où : Percé !

Marie-Eve m'a demandé de prendre tout plein de photos pour elle. En effet, elle a fait le tour de la Gaspésie avec Christian, quelques semaines avant moi. Mais, le climat ne leur avait pas été favorable. Le ciel bas et gris ne leur ayant pas permis de réaliser de belles prises de vues. Je suis donc chargé de réparer ceci.

Je me jette sur la route sous un beau soleil. Je profite de la lumière toute particulière de la région pour faire une photo dont je suis assez fier. L'île Bonaventure et le rocher percé baignés d'une chaude lumière ocre ! Parvenu à Percé, je m'aperçois que je n'ai plus de pellicule : Cela fait mauvais genre pour un photographe ! Heureusement, le village est extrêmement touristique, et l'on trouve tout ce qu'il faut, même des pellicules au format APS : Ouf !

Je vais m'acheter un billet de bateau pour le tour du rocher, suivi d'une escale sur l'île tout proche. En attendant l'heure du départ, je vais voir de plus près le célèbre rocher qui est accessible à pieds secs : A marée basse uniquement. L'air est doux et transporte les effluves iodés de la mer que devient ici le fleuve. Je me sens bien, libre, serein et apaisé en déambulant sur la plage de gravier et de galets. Voyant l'heure venue, je regagne tranquillement le petit port de ce petit village perdu à la pointe d'un continent…

Je patiente sur le quai lorsque, soudain, mon appareil photo m'échappe et va se jeter sur le ponton. Décidemment, il sera dit que ma mission photographique sera malaisée ! Malgré un léger choc ayant endommagé l'emplacement de la pile, l'appareil est encore fonctionnel. Heureusement, car il est neuf ! Je l'ai acheté à peine une semaine avant de partir…

Je m'embarque finalement et le bateau file en direction du rocher tout proche. Le trou est immense, environ 15 mètres de diamètre, et l'on se demande comment une telle masse de pierre peut encore se tenir debout avec une telle plaie béante. Cette question est d'autant plus légitime qu'un trou jumeau à celui-ci s'est effondré au siècle précédent, laissant des monceaux d'éboulis joncher le fleuve. Quelques téméraires, voulant voir le trou de plus près, n'ont pas hésiter à entrer dans l'eau pour passer sous l'arche. Je peux garantir que le fleuve n'est vraiment pas chaud à cet endroit… Après quelques photos rendues ardues par les remous, nous mettons le cap sur l'île Bonaventure : L'île aux oiseaux.

Chaque recoin des falaises de l'île est occupé par un des milliers d'oiseaux peuplant ce petit bout de terre : C'est incroyable ! L'île Bonaventure est littéralement un sanctuaire pour ces animaux des latitudes extrêmes.

Nous effectuons un tour complet de l'île, passant au milieu des colonies de phoques guettant le passage des bancs de poissons, et nous accostons au pied d'un village de pêcheur, abandonné à la fin du XIXème siècle. Je m'en vais en suivant le sentier longeant la côte, et retrouve avec plaisir la végétation et la forêt. Mes premiers pas me font serpenter entre les maisons vides et me mènent au cimetière. C'est un sentiment assez étrange qui m'habite à la vue de ces tombes oubliées, témoins immobiles d'une vie pourtant pas si lointaine.

Enfin, je m'enfonce dans la forêt pour y découvrir avec stupéfaction des dizaines, des centaines d'arbres morts ou mourants. Le spectacle est funèbre ! Je parviens à l'autre bout de l'île, là où nichent la plupart des oiseaux. Un guide y explique que l'île Bonaventure recueille environ 220000, dont 80000 fous de Bassans, rendus célèbre dans un roman québécois d'Anne Hébert. La question des arbres intrigue tous les touristes présents. Le guide nous apprend que le phénomène est parfaitement naturel. Il est dû à un insecte qui tue les épinettes (par endroit, 100% des arbres périssent) tous les 70 à 80 ans. Ce qui permet à la forêt de se régénérer. Le seul véritable problème est le risque de feu de forêt accru par la présence de tout ce bois desséché. Qu'importe, c'est bien triste de voir ces branches mortes, lugubres…

Je quitte le vacarme assourdissant des oiseaux et retrouve la forêt car l'heure du bateau de retour va sonner. Je rembarque donc, regagne ma voiture et reprends le chemin de Percé, l'esprit bercé par les splendides paysages découverts aujourd'hui !


IX

Dimanche 03 Septembre :

Mon périple gaspésien se termine aujourd'hui. Je vais finir de boucler la boucle en passant par la Baie des Châleurs, puis par la vallée de la Matapédia avant de regagner Rimouski. La route se déroule sans histoire. La Baie des Châleurs ne m'enthousiasme pas plus que cela, surtout en comparaison des paysages des jours précédents. Sans doute mériterait-elle que je m'y attarde pour la découvrir. Ce sera pour une prochaine fois… J'en profiterais également pour faire une petite virée dans le parc de la Gaspésie… Un jour, peut-être !

J'emprunte finalement la route suivant la vallée de la Matapédia. Le décor y est superbe : Encaissé et sauvage. Je m'arrête quelques minutes au musée de la bataille de la Restigouche. Celui-ci abrite une épave d'un navire de guerre français de l'époque des guerres franco-anglaises. Le musée est court mais intéressant pour qui aime l'histoire et les fouilles archéologiques. C'est mon cas ! Je trouve toujours émouvant la découverte d'objet ayant appartenu à des gens morts il y a déjà si longtemps…

Je quitte ce gentil petit musée et finit mon excursion à Rimouski. J'y gagne rapidement mon hôtel, fourbu. La météo annonce une température de 20°C pour la nuit " une température fraîche " ! Pour moi, 2°C c'est l'hiver ! Le cœur de l'hiver ! Une température polaire ! Autre pays, autres mœurs…

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