UN MAUDIT FRANCAIS EN HIVER
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MONTREAL
MARIGNANE :
5 Heures du matin. Le réveil sonne. Mes yeux souvrent difficilement, mais mon cur est joyeux. Nous y voilà ! Mon rêve peut recommencer à lendroit même où il sétait arrêté : Dans le froid et impersonnel hall de laérogare. Je repars
Moi qui, par nature, suis assez lâche, il faut le reconnaître, moi qui, dordinaire, fuis avec une parfaite constance tout effort superflu, tout acte dhéroïsme par trop douloureux, je men vais endurer volontairement de longues heures dun forcément inconfortable voyage. Tout me rend malade, de la voiture au bateau en passant, bien évidemment, par lavion. Voilà lune des seules raisons pour laquelle jaccepte de sacrifier quelque temps mon confort et mon bien-être : Le Québec. Puisquil faut en passer par là, je laccepte. En priant bien fort pour que les avions se mettent rapidement à voler plus vite, pour abréger mes peines. Le réveil
est difficile, très difficile. Heureusement que jai en
ligne de mire un objectif paradisiaque. Mon cerveau ne fonctionne pas
au maximum de ses capacités et je dois me concentrer pour ne
pas laisser à la maison la moitié de mes affaires. Bon,
un peu de calme. Reprenons les choses dans lordre : Sacs, blousons,
billets (ne surtout pas oublier les billets
). Penser à
prendre les quelques dollars subsistant du précédent voyage.
Déposer les papiers « civils » sur le bureau, avec
les clés. Et puis, partir
Laéroport est quasiment désert, lheure est matinale. Le vol FU 740 à destination de Zurich est à lheure. Cela commence pour le mieux. Le départ est prévu à 6 heures 40. Jai donc le temps denregistrer les bagages et de gagner tranquillement la porte dembarquement, laissant mon père aller se recoucher. Je passe sans encombre la douane, mon T-shirt de Lynyrd Skynyrd attirant la sympathie dun douanier, amateur de bonne musique. Presque dix-sept mois plus tard, jai limpression que cétait hier que je décollais pour la première fois vers le Canada, une impression de déjà-vu. Mes yeux se ferment, quest-ce que cela va être à Zurich. Jai 5 heures descale. Je pense que le temps sera long.
Enfin, je monte à bord du Fokker 100 et je minstalle tranquillement, en vieil habitué de laviation civile que je suis. Puis, vient le moment du décollage, à lheure exacte. Au loin, à travers les nuages qui masquent lhorizon, apparaît le ciel rouge annonçant le soleil de ce nouveau jour. Au fur et à mesure la lumière envahit les cieux. La vision est splendide : Les sommets enneigés des Alpes se détachent au-dessus des nuages. Un lever de soleil sur les cimes blanches, quoi de plus apaisant à regarder : Cest beau ! Petit à petit, la neige passe du noir au rouge, puis au rose, avant datteindre lentement son uniforme blancheur. Au-dessous de nous, un tapis de coton envahit la vallée. Nous sommes entourés de blanc, et seul le ciel bleu vient troubler cet ensemble. Au milieu du tapis nuageux surgit une bosse géante, un cumulus ou un stratus fou. Un excentrique qui ajoute au décor une touche dhumour météorologique. Au bout dune heure, nous entamons la descente vers la Suisse. Nous nous y posons en douceur, la première partie du voyage a été très agréable.
ZURICH :
Je débarque dans laérogare de Zurich, un peu perdu. Cest immense ici. Il y a du monde partout dans la zone de transit internationale. Les avions qui se posent là viennent de partout et y repartent : Afrique du Sud, Afrique noire, Thaïlande, Europe de lEst, Yougoslavie, Europe du Sud. Toutes les races se croisent, toutes les langues se côtoient : Une vraie tour de Babel du trafic aérien. Je minstalle sur un siège après avoir parcouru une grande partie du bâtiment, des bâtiments devrais-je dire. Je sors un livre et je me plonge dans les pages pour ne pas massoupir. De temps à autre, je lève les yeux, attiré par le passage de nombreuses et charmantes hôtesses de lair. Pour un peu, jaurai envie de prendre lavion plus souvent Malgré cela, lattente est tellement interminable que jai le temps de commencer, et presque de finir, un deuxième bouquin quand ma montre se met enfin à indiquer la bonne heure, celle du départ. Formalités identiques à celles de ce matin, embarquement dans un calme tout aussi olympien. Par chance lavion est presque vide. Pour être optimiste, je dirai quil est tout juste à moitié plein. Je vais avoir deux sièges pour moi tout seul. Je vais être bien !
A 13 heures, lAirbus se lance sur la piste cette fois-ci je pars vraiment. Bientôt, nous survolons la France. Par chance, aujourdhui les nuages ont décidé de prendre des vacances. Le ciel est entièrement dégagé. Paris apparaît, au creux dune boucle de la Seine. Je peux distinguer lArche de la Défense, mais pas la tour Eiffel, semble-t-il perdue dans un brouillard pas très écologique Peu après, nous arrivons sur la côte. Lavion entame alors un virage à droite et nous longeons la rive jusquà la Bretagne. Dici, cela à lair beau. Il faudra que jaille voir cela de plus près un de ces jours. Alors on sélance droit vers lOuest passant au sud de lAngleterre puis sur la pointe de lIrlande, la verte Irlande. Enfin, on perd les terres de vues. Il ne reste plus quà patienter.
La route vers le Québec nest pas la plus courte, puisque lon fait un petit crochet jusquà Terre-Neuve avant de redescendre le Saint-Laurent, un peu à lEst de celui-ci, jusquau Etats-Unis, puis dobliquer droit sur Montréal. Contrairement à lEurope, le continent Nord-Américain est recouvert de nuages. Est-ce la fatigue, Est-ce mon âme dartiste ? Tout à coup me vient lidée, si ce nest lenvie, de descendre de lavion et daller marcher sur cette couche ouatée si accueillante en apparence. Voilà encore un rêve définitivement irréalisable, une utopie enfantine : Marcher sur les nuages Bon, arrêtons les délires monsieur RV. Nous voici au-dessus du Maine et de la Nouvelle-Angleterre. Lécran de contrôle mindique que dans quelques instants nous allons franchir la frontière. 5, 4, 3, 2, 1 0 ! Ca y est, je suis de retour au Québec. Lavion peut sécraser maintenant, je tomberai en territoire connu. Mais bon, sil peut encore voler quelques minutes Peu à peu, nous perdons de laltitude et nous approchons de Dorval. Le pilote annonce une température extérieure au sol denviron -15°C. 30 degrés décart en moins de 24 heures, joli contraste.
MONTREAL :
A 15 heures 05 précises, les roues touchent la piste. Je sors de lavion et je sens le froid sinfiltrer dans la passerelle. Je me présente à la douane : Toujours autant de monde, toujours aussi long Je suis pressé den finir et désireux de sentir à nouveau le parfum de Montréal. Finalement je passe toutes les barrières et je suis autorisé à pénétrer en territoire canadien.
Je suis vidé. Mais, jai encore pleins de petits problèmes logistiques à régler. Le premier étant : Où vais-je dormir ce soir ? Dabord, je retire un peu dargent, puis je téléphone au premier hôtel que jai noté sur ma liste. Il na de chambre que pour un soir, alors quil men faut deux, mais je nai pas le courage de chercher ailleurs. Demain jaurais tout le temps. Le problème est réglé momentanément. Ensuite, il me faut trouver une voiture. Cela est vite résolu, dans un aéroport international, ce genre de services est aisé à trouver. Avant daccéder au confort douillet de mon Oldsmobile dernier modèle, je dois traverser la route. Je sors de laéroport, il fait froid, très froid. Mais cest encore supportable. Tout à coup, une rafale de vent balaie latmosphère et là, je gèle sur place. Je viens de sentir ce quest vraiment lhiver ! Armé de mon véhicule et dun plan pour trouver lhôtel je me jette dans la grande métropole. Je subis toutefois un léger contretemps. Les boîtes automatiques cest bien, mais encore faut-il savoir les débloquer. Mes quelques connaissances en anglais me disent que P = Parking, R = Arrière, N = Neutre et, donc, D = Marche avant ? Réfléchissons Mais oui, cest cela, Drive. Le tout est de comprendre comment placer le levier de vitesse sur D. Impossible ! Je ne comprends pas. Comment faire avancer cette putain de bagnole ? Je ne vais quand même pas dormir dans le parking de laéroport. Tiens, ça y est. Jai réussi. Je ne sais pas comment, mais jai réussi. Je peux partir.
Les premiers tours de roues sur la neige sont effectués avec précaution. Le premier virage est pris en léger dérapage et je remercie le ciel quil ny ait pas de véhicules qui arrivent lorsque je passe au Stop sans réussir à ralentir. Puis, tout rentre dans lordre et je men vais sur la 20 Ouest en direction du centre-ville. Rapidement, mes souvenirs reviennent à la surface et je me surprends à reconnaître toutes les rues et les bâtiments. LHôtel du Nouveau Forum doit se situer non loin du nouveau Forum (la patinoire de léquipe de Hockey de Montréal), ce serait logique. Oui, il est là. Je me gare, je prends mes clés, je fais connaissance avec la (jolie) réceptionniste, et je vais mécrouler sur le lit. Il est presque 18 heures et je suis épuisé !
Avant de mendormir, je regarde un peu la télévision. Hé ! Il y a des émissions qui durent. Je les ai vues lannée dernière. On est jeudi, cest le jour de « Un gars, une fille ». Une série qui a été copiée en France récemment. Mais loriginale québécoise est bien mieux. Je zappe au hasard, passant des chaînes anglophones aux francophones. Tiens, la météo. Quest-ce quils annoncent ? Demain, froid et un week-end ensoleillé et très doux ? Cest parfait. Je découvre quen fait on donne deux températures différentes : Avec et sans vent. Cest pour cela que jai eu si froid. Il faisait bien 16°C à Dorval, mais, en fait, la température était de 32°C. Pour une belle mise en condition, jai été servi ! Mais, la première vue que jai eu du Québec sous la neige ma comblé. Tout à lair si beau. Je suis heureux dêtre là ! Jai eu raison de venir.
En plus, je me suis étonné aujourdhui. Jai réussi à repousser encore un peu plus ma timidité. Pour la première fois de ma vie je me suis retrouvé seul à létranger, sans connaître personne. Alors, par obligation, jai loué une voiture, jai réservé une chambre dhôtel, je me suis jeté seul dans linconnu, ou presque. Le Québec a fait sur moi des miracles, pourvu que cela dure
LA VILLE SOUTERRAINE :
Jouvre difficilement les yeux : Il est à peine 5 heures et demi. Et bien, le décalage horaire fait des siennes ! Je tourne et retourne dans le lit. Je ne parviens pas à me lever, je suis complètement dans le cirage Bon gré, mal gré, la séance de sommeil éveillé se prolonge pendant une bonne heure. Je me traîne jusquà la télécommande de la télévision et je me mets à repasser en revue les différentes chaînes. A cette heure, seules les informations sont disponibles ou presque. Je prends ainsi connaissance de soucis principaux actuels au Québec. Principalement, on entend parler de colère contre le prix de lessence bien trop chère : Pensez-vous, 3,50 FF le litre Jai presque envie dinstaller un tuyau à travers lAtlantique pour alimenter mes cuves personnelles.
Avec tout cela, il est lheure daller manger. Et puis, il va falloir que je libère la chambre, ce qui me fait penser que je dois me mettre en quête dun autre hôtel pour ce soir : Ce nest pas lépoque idéale pour dormir à la belle étoile. De toute façon, jai oublié mon duvet Je rembarque mes affaires dans la voiture et je repars dans le centre ville. Le froid est conséquent, la météo ne sest pas trompée. Le ciel est bas, quelques flocons tombent ici et là, et le vent est bel et bien présent. Bien sûr, ce nest pas le mistral, mais, à 15°C, il suffit à vous glacer nimporte quel petit français égaré. Franchement, avec toute la fatigue qui massaille et le froid perçant, je nai pas envie de méterniser dans la rue. Oh que non ! Heureusement, je connais bien Montréal. Je sais donc où aller, cest déjà ça.
Ma première étape est pour le centre infotouriste du Square Dorchester. Là, je vais pouvoir prendre les quelques renseignements dont jai besoin. Je vais aussi pouvoir acheter lindispensable carte téléphonique « Bell Canada » ainsi que les cartes postales et les timbres. Je dois me dépêcher décrire et denvoyer tout cela, si je veux que cela arrive avant mon retour. Une fois toutes ces formalités communicatives effectuées, je peux partir me replonger dans la ville souterraine. Histoire de reprendre la température, dans tous les sens du terme, de Montréal. Je ressors donc dans la rue et vais directement à lentrée de la Place Ville-Marie. Les quelques minutes passées dehors suffisent à me conforter dans ma décision : « Y fait frêt en maudit ! » Mais, je suis heureux dêtre là.
La ville souterraine : quel souvenir à la fois étrange et douloureux. Etrange car pour moi, une telle étendue à labri de tous les assauts du temps nest pas habituelle. Il ny a quici que cela existe. Un enchevêtrement de commerces et de services. Un entrecroisement arachnéen de rues et descaliers, de portes et daccès aux buildings, aux stations de métro, à la gare centrale. Douloureux parce que je me souviens de mon malaise psychique, ce sentiment de claustrophobie qui mavait assailli lors de ma visite ici à lautomne 1998. Mais, jai décidé aujourdhui que je vaincrais une nouvelle fois mes appréhensions et que je repartirai dici en étant vainqueur de ce dédale québécois. Je nai pas de fil dAriane, ni les ailes dIcare. Mes ailes sont en moi, elles me portent jusquau cur de la vie montréalaise.
Je pénètre donc à nouveau dans cet univers de science-fiction, les « Cavernes dAcier » dAsimov sont matérialisées ici. Je marche, je marche, je marche. Les couloirs ne semblent pas avoir de fin. Je passe de la place Ville-Marie au centre Eaton, à la Place Montréal Trust, à la Baie, aux Galeries de la Cathédrale Immense ! La foule est gigantesque, à croire que tous les habitants de la ville se sont donnés rendez-vous dans ce centre commercial géant. Dans cette foule, je me rends-compte que Montréal est sans doute une des plus grandes villes bilingues du monde. Je croise autant danglophones que de francophones. Tout à coup, un vendeur maccoste. Mon T-shirt de Lynyrd fait encore des siennes. Le vendeur le trouve ECOEURANT !!! Pas de doute, je suis au Québec
Cette fois-ci, je me sens bien, à mon aise. Je visite tranquillement les lieux. Je tente de téléphoner en France, mais je ny parviens pas. Je ne sais plus comment il faut faire. Mais, jarrive à dénicher un Guide du Routard, vraiment utile, et je peux appeler avant quil ne soit trop tard Puis, je reprends mon exploration. La place Montréal Trust est vraiment la plus belle. Avec ses immenses verrières et sa fontaine étonnante. Les vendeuses sont charmantes, les autres québécoises aussi, tout est parfait. Le centre Eaton nest pas mal non plus. Au sommet, correspondant au 5ème ou 6ème étage, une vue sur la rue Sainte-Catherine est proposée à ceux qui veulent se reposer un instant. La vue est encore plus belle quand il neige, cest une vision vraiment très romantique.
Au bout de plusieurs heures de déambulations, pendant lesquelles jai repéré certaines petites choses que je compte ramener en France, des livres notamment, je décide de retourner dîner (Pour ceux qui auraient oublié, ici le dîner est à midi) au restaurant de la gare centrale que javais connu auparavant. Cependant, jai beaucoup de mal à retrouver la route. Pour tout dire, je me perds encore lamentablement. Mon sens de lorientation est une nouvelle fois montré du doigt Après de nombreux allers-retours, je prends la seule et unique décision possible : Je sors dans la rue. Il fait toujours aussi froid ! Je me hâte donc, en glissant sur les trottoirs tel un patineur aux Jeux Olympiques et je regagne lentrée de la ville souterraine correspondant à la garde centrale. Ouf, il fait meilleur ici ! Je regagne le restaurant et je récupère avec plaisir quelques calories.
Après cela, je pars à la recherche dun hôtel, si possible abordable. Jai repéré une espèce de comptoir où sont notés quelques établissements avec un téléphone direct pour chacun dentre-eux. Jen prends un qui ressemble à celui dhier et je tente ma chance. Ils ont une chambre : Cest impeccable. Je déambule encore un peu dans les couloirs surpeuplés puis je me rends à mon nouvel hôtel, situé non loin du centre ville, sur la rue Sherbrooke. Lavantage de cet emplacement est que la rue mène directement à lautoroute que je dois emprunter demain pour aller retrouver MEG et toute sa famille à Lorraine.
Je monte dans ma chambre et rédige mes cartes. Je les posterais demain, ainsi tout sera parfait. Je regarde la télévision, notamment le canal 17, celui de la chaîne météo. Les journées qui viennent promettent dêtre beaucoup moins froides que les 32°C constants depuis mon arrivée, et même presque 0°C pour dimanche, avec le soleil en prime. Jai de la chance et jen suis ravi. Je crois que ce soir je ne mangerai pas. Je mendors vraiment très rapidement, il nest pas plus de 18 heures mais je suis déjà au bout du rouleau. Je mécroule sans men apercevoir, me réveillant vers 21 heures, la télévision encore allumée, toujours habillé, au milieu de mes bouquins. Il est temps que jaille me réfugier dans les bras de Morphée. Bonne nuit à tous.
LORRAINE :
Il nest pas encore 6 heures et je méveille déjà. Jaurais dû my attendre. Comme hier, je suis réveillé sans lêtre tout à fait, et je somnole encore pendant de longues minutes, jusquà 8 heures pour tout dire. Dans mon cur je suis plein dentrain. Content de retrouver ma tannante préférée (avec sa cousine), et content aussi de retrouver toute la famille qui mavait si gentiment accueillit un an auparavant. Je sais aussi quil ne faut pas que jarrive là-bas trop tôt, et de toute façon je nai pas le courage de me dépêcher Je me prépare donc tranquillement puis jétudie une dernière fois le plan de la ville, aidé des indications que Miss Marie ma envoyées peu avant mon départ. Cela ma lair simple. Suivre la rue Sherbrooke jusquà la 15 Nord, continuer sur cette autoroute en direction de Saint-Jérôme, puis prendre la 640 vers Repentigny (« Attention, pas vers Saint-Eustache ») et emprunter la sortie Lorraine. Là je tombe directement sur sa rue. Facile !
Je me rends à ma voiture, la température est nettement plus douce aujourdhui. Le soleil brille déjà sans partage et il devrait faire 3°C, rien de bien méchant. Je prends la route et me laisse porter par la musique de lautoradio. CKMF et CKOI principalement. Je tiens à savoir quels disques je vais pouvoir acheter. Je dois donc me tenir au courant de lactualité musicale locale. Apparemment, il ny a pas mal de bonnes tounes en ce moment. Eric Lapointe, La Chicane, Sylvain Cossette, pour ne citer queux. Sans oublier lincontournable Kévin Parent, mais de lui jai déjà toute la discographie.
Je mengage sur lautoroute. Les indications de MEG sont parfaites, et mes souvenirs assez précis. Je parviens finalement sans encombre sur le boulevard le remonte en cherchant la maison. Jai du mal à trouver les numéros pour me situer, car je ne reconnais pas la maison parmi toutes celles de la rue. Je sais cependant quil doit sy trouver une grande voiture, une Buick immense, une américaine vraie de vraie. Mais, je roule longtemps sans rien voir de tel. Je me dis alors que jai dû aller trop loin. La route nétait pas si longue. Je fais donc demi-tour et là, je reconnais la belle demeure familiale. La mère de MEG travaillant ce matin, la voiture nest pas là. Voilà ce qui ma trompé. Mais celle de la gamine québécoise y est. Elle je la reconnais, même si cest bien la première fois que je la vois sans trous ni bosses ! Je me gare devant le 135, ayant du mal à escalader lallée enneigée, et je mapproche de la porte.
Il est à peine plus de 10 heures et, jusquau milieu de laprès-midi, je vais me trouver emporté dans un curieux voyage intérieur. Pendant ces quelques heures, je vais perdre toute notion de chronologie et oublier les 17 mois qui se sont écoulés depuis ma dernière visite. Jai vraiment limpression que je suis venu ici hier Si ce nétait la neige, mon cerveau serait totalement abusé. Mon deuxième voyage débute véritablement ici, si près de là où sétait achevé le premier.
Je sonne, en espérant ne pas trouver porte close. Je sais, jaurais dû téléphoner avant, mais javais peur de my prendre un peu trop tôt Mais, jentends du bruit à lintérieur, quelquun vient. Cest MEG. Elle mouvre et accueille le « français des neiges » qui débarque une nouvelle fois pour troubler sa petite vie bien tranquille Les retrouvailles sont courtes. On se voit tellement souvent ces temps-ci : Presque tous les six mois ! Je pénètre dans la maison et y retrouve tout à sa place. Cest comme si rien ni personne navait changé. Dailleurs, rien na vraiment changé, hormis quelques détails tels quun nouveau « flo » pour sa soeur et un nouveau « chum » pour elle. De simples détails
MEG est en pleine effervescence. En effet, 2 points marquants ponctuent cette matinée de samedi. Elle doit savancer dans son travail (Bien obligée, si elle ne veut pas passer une troisième semaine à Mont Laurier.), et puis, surtout, un certain monsieur Cri doit arriver dun moment à lautre, en provenance dune lointaine ville nommée Québec. Grâce à elle, je vais pouvoir reprendre mon expérience dimmersion au cur de la culture québécoise. Et cela me plaît ! Ce que je veux connaître, cest la vie de ce bout dAmérique que jaime tant. Je veux mieux comprendre les québécois pour mieux les apprécier. Je veux pouvoir observer, écouter puis partager. Mon but nest pas de courir dun bord à lautre de la province pour tout voir. Non, je désire prendre mon temps et mintégrer, ne serait-ce que très fugitivement, au décor. Avec MEG, et toute la famille, je suis servi. Pas de « round dobservation » : Dès mon arrivée, je suis entraîné et je dois suivre le mouvement. Il ny a pas dalternative !
Environ une heure après moi, le père de MEG, rentre, suivi quelques minutes plus tard par Cri. Marie est heureuse : On va enfin pouvoir manger Je sais, je suis un incorrigible « niaiseux ». Nous parlons de tout et de rien. Je reste dailleurs un peu à lécart, le temps de me remettre les idées en place. Jai un peu de mal à me persuader que je suis vraiment au Québec Puis, nous décidons de nos activités de laprès-midi. Par un temps pareil, il est impensable que nous restions cloîtrés dans la maison. MEG a très envie daller voir sa sur et de partager avec moi les joies du patinage. Je suis daccord, mais pas certain de ne pas finir en pièces détachées. Jespère que mes professeurs se montreront performants. Je nai pas envie de passer mon temps allongé par terre. Enfin, on verra
La température est clémente, ce qui ne mempêche pas de méquiper chaudement. Le vent est là pour me rappeler que lhiver est actif en cette région du globe Je nai pas de patins ? Quimporte, je prendrais les vieux de son père. Et ma grâce et mon élégance naturelles feront le reste ! Nous franchissons les quelques centaines de mètres nous séparant de Terrebonne, lieu de mes premières aventures glissantes. Là, nous retrouvons la petite famille avec les 2 enfants, dont le plus jeune dort sagement dans sa poussette. Et nous partons en direction de la patinoire publique, ouverte à tous et, bien sûr, en plein air. Tout dabord, une séance de glissade simpose (très peu pour moi, merci). Une belle descente sur la glace, assis sur une luge, et cest parti ! Il faut être fou, ou québécois pour faire ça. Je me contente de regarder, me préparant mentalement à affronter les lames hostiles et rebelles qui doivent memmener tracer dharmonieuses courbes et dacrobatiques pirouettes.
Voici lheure fatidique. Je dois avouer que jai déjà tenté, quelques année auparavant, de pratiquer ce sport. Mais, sans guide pour mapprendre, je ne peux pas dire que jai patiné (en fait, je suis resté accroché à la rambarde ). Cette fois-ci, je ne pourrai pas me tenir à la rambarde : Il ny en a pas ! Je men remets donc entièrement à MEG et aux autres. En plus il y a du monde, je vais essayer de ne pas être trop ridicule. Si je ne parle pas, personne ne remarquera que je suis français, mais dès que je vais mettre le pied sur la glace, cela va se voir Enfin, allons-y. Jai du mal à enfiler les patins, mais il paraît que cest normal, que cela fait toujours un peu mal. Je suis mes professeurs de glisse et je mapproche, pas à pas, de la surface gelée qui nous attend. Attentif, je copie tous les gestes de Marie, marrêtant, sur les derniers tas de neige pour retirer les protections des lames. Une fois ces dernières retirées, le plus dur est de se relever. Le pied droit ayant tendance à séchapper plus vite que prévu. Voilà, je suis debout. Seul sur la glace, immobile et tétanisé. MEG est déjà partie, elle passe derrière moi et me pousse de plus en plus vite. Immédiatement, cest la panique à bord. Mon cerveau est submergé par les messages dalerte que lui transmettent les récepteurs nerveux de mes sens désorientés. Rapidement, je finis assis dans la neige, soulagé dêtre encore entier. Bon, allez, il faut que jy retourne, mais en douceur. Je parviens à me remettre sur mes pieds et je commence à me laisser glisser, approximativement à la vitesse dune tortue unijambiste. Mais cela va déjà trop vite pour moi Cest à ce moment que les conseils de première urgence me sont prodigués par les québécois qui mentourent. Immédiatement, mon style sen trouve nettement amélioré. Par miracle, je ne tombe pas, malgré quelques figures spectaculaires. Peu à peu, je prends de lassurance, pas au point de MEG, et surtout de sa soeur qui effectuent de belles arabesques, ni même de Cri, plus adepte dun patinage de joueur de hockey, puissant et rapide. Mais, je suis presque fier de moi. Je suis bien meilleur que je ne laurais crû. Encore quelques années dentraînement et je pourrais presque être à laise.
Au bout dune longue séance, je commence vraiment à fatiguer, cela doit bien faire une heure que je fais travailler mes muscles dune manière totalement inhabituelle. Jai mon compte, apparemment, je ne suis pas le seul. Et puis, je nai pas chuté une seule fois : Je pense que je vais rester sur cette belle performance. Il est bientôt temps de rentrer. Marie part avec Cri faire ses dernières glissades de la journée pendant que je profite de loccasion pour marcher dans la neige fraîche. Jaime cela, cest fatiguant mais agréable. Je les rejoins ainsi et nous allons retrouver la famille. Nous devons tous aller manger à Lorraine. Après mêtre allégé dune partie de mes chauds vêtements et après avoir retrouvé un sol un peu moins glissant, je vais masseoir dans la voiture : Cela fait du bien ! Ensuite, nous partons tous vers le souper que jimagine devoir être joyeux.
Lorsque nous arrivons, jai le plaisir de retrouver la mère de MEG. Comme en ce soir du 13 septembre 1998, la famille au complet est réunie. En attendant de souper, je regarde les photos de voyage des cousines en Europe. Elles sont bien réussies, même celles que jai prises, étonnant, non ? Ensuite, une discussion sengage ayant pour sujet les différences entre le Québec et la France dans les domaines économiques. Les prix français étonnent lassemblée, il faut dire quils sont environ 20% plus élevés quau Canada : Cela commence à faire. Heureusement que nous avons le climat provençal. Cest sans doute notre seul avantage
Le repas, comme toujours, est bon, gai et animé. Je me rends compte des progrès que jai effectué en québécois. Je ne suis quasiment plus perturbé par laccent. Mieux, je le remarque de moins en moins, nayant plus à faire deffort pour le comprendre, hormis certains mots, certaines expressions. Après le souper, je profite de quelques minutes de quiétude pour aller admirer la neige à travers la vitre de la cuisine, la véranda devrais-je dire. La vue est tellement merveilleuse. Un vrai conte de fées Je rêve de pouvoir contempler un tel décor tous les jours, voilà bien lidéal pour mon âme dartiste, nest-ce pas Miss Marie ! Cela surpasse la splendeur des plus beaux bijoux. Comment ne pas aimer ce pays après avoir vu les couleurs dautomne du Saguenay et la blancheur dhiver des jardins ?
Cest tout heureux de ma journée que je pars me coucher, vaincu une fois de plus par le décalage horaire. Jai limpression dêtre retombé en enfance et de vivre un de ces Noëls enneigés que ne connaît pas la Provence. Un Noël à la fin de janvier, un Noël ayant lui aussi subi le décalage horaire. Cest véritablement un inégalable cadeau que je me suis offert. Après toute mes hésitations, mes angoisses, maintenant je suis convaincu : Jai eu raison de venir ici, et tort de ne pas lavoir fait plus tôt !
JOURNEE SPORTIVE :
Je me réveille encore tôt, bien avant tout le monde. Je me sens encore envahi des courbatures de la veille. Je peux le garantir : Le patinage, cest physique. Le père de Meg ne va dailleurs pas manquer de rire de mes courbatures « Yé pas fin ! » Finalement, je me rendors plus ou moins, jusquau moment où le bruit mindique que la maisonnée se réveille. Je me lève donc, encore tout étonné dêtre là. Si loin du soleil de ma Provence. Je pense à mes amis qui doivent se plaindre du froid, endurant péniblement les 10°C de moyenne Aujourdhui, la météo est encore clémente. Grand soleil et 0°C : Parfait !
Le programme de la journée est claire et limpide : Sport à toute heure. Pratique dabord puis spectacle ensuite. Deux événements sont prévus. Une partie de Hockey au Centre Molson. Puis, le Super Bowl à la télé. Pas question de manquer lévénement. Impensable. Interdit ! Mais, tout dabord, un petit tour sur la rivière des Mille-Îles, gelée et aménagée pour les sports dhiver.
Seule ombre de la journée, et dimportance, MEG est malade. Cest bien dommage. Elle ne pourra pas participer à nos activités, jen suis bien déçu. Nous partons donc sans elle vers la rivière. Une fois sur place, je constate que, pour une somme minime, on peut pratiquer au choix, le traîneau à cheval, le ski de fond, les raquettes, le patin à glace Tout est fait pour que les gens samusent en toute tranquillité. Moi, je nai pas spécialement envie de me risquer de nouveau sur la glace, et puis mes muscles ne seraient pas daccord. Je reste donc à marcher dans la neige et à observer le décor et la foule. Les enfants profitent eux des pentes pour les dévaler sur sa luge, empruntant avec joie les minis tremplins. Le temps est agréable et les familles sont nombreuses à profiter de ce beau dimanche, cest vraiment un endroit relaxant. Latmosphère est bon enfant et je me sens réellement bien à mon aise.
Nous rentrons vers midi. Il nous faut faire vite car le match est à 14 heures. Horaire spécial pour permettre aux spectateurs de rentrer chez eux ensuite voir le Super Bowl qui débute à 18 heures. On a juste le temps de manger et de partir en direction du centre de Montréal. Nous gagnons, lentement, le centre ville. La circulation est dense dans la métropole, et le match attire bon nombre de spectateurs. De plus, le Centre Molson est situé en plein cur de Montréal, au milieu des immeubles. Il semble un peu perdu, sa hauteur étant insignifiante comparée aux hauts buildings. Mais, il faut savoir quil senfonce loin dans le sol, la patinoire en elle-même se trouvant à plus de 2 étages de profondeur. Contrairement à ce que je connais de Marseille, les stationnements sont pratiques et en quantité suffisante. Heureusement dailleurs, sinon nous ne pourrions arriver à temps à nos places.
Nous entrons dans larène au moment même où sachèvent les hymnes nationaux (la rencontre oppose les Canadiens de Montréal aux Hurricanes de Caroline aux USA). Lenceinte est assez impressionnante, différente des stades que je fréquente de temps à autre, puisque les 22000 personnes sont confinées dans un espace très restreint. Nous nous installons et le match démarre immédiatement. En fait ; lambiance dans les tribunes ne menthousiasme pas exagérément, jai vu bien plus « chaud », mais du côté de la glace, là je suis époustouflé : Cela va vite, très vite. Impossible de suivre la rondelle en permanence. Et encore, jai quelques notions des règles et des stratégies de ce jeu, sinon, ce serait infernal pour comprendre quelque chose à ce qui déroule sous mes yeux. Le match étant diffusé en direct, la télévision est omniprésente. Les écrans géants permettent de voir les ralentis des meilleures actions et, également, de saffranchir des zones dombres dues à la rambarde nous protégeant des palets perdus.
Les deux premières périodes sont relativement calmes. Il faut être honnête, ce nest pas une grande rencontre. Mais cest quand même un match professionnel, donc de haut niveau. Pendant les repos, je pars avec Cri visiter le complexe : Musée, boutique, restaurants Le tout dans une organisation Nord-Américaine, propre et nette. Trop, peut-être ? En tout cas complètement à lopposé de mes habitudes plus « Latines ». On pourrait discuter longtemps sur ce sujet, mais cela ne servirait à rien, je pense. Il y a du bon et du moins bon dans les deux ! Mais, la dernière période va débuter, le résultat est toujours de 0 à 0, il va bien falloir que les équipes se réveillent si elles veulent lemporter.
Les dix dernières minutes rattrapent en actions et en émotions le reste de la partie. Grâce à une fin tonitruante nos favoris, les Canadiens de Montréal, léquipe la plus titrée de tous les temps, simposent 3 à 0 dans lenthousiasme que lon peut imaginer. Cest une des rares victoires à domicile cette saison, mais elle a été le prélude à une bonne série. Jai dû leur porter chance.. Non, je rigole ! En tout cas, moi jai de la chance, lorsque je suis allé à une rencontre sportive de haut niveau, mes favoris nont jamais perdu ! Cette expérience a été très intéressante. Le hockey cest vraiment « lfun ».
Il est 16 heures. Juste le temps de rentrer pour participer à la traditionnelle soirée du Super Bowl. Chips, ailerons de poulet, pizza et bières (ou soda) de rigueur. Cest un rituel qui fait même recette dans les éditos des journaux. Certains y voient lopposition entre la culture populaire et la culture bourgeoise. Entre les « colons » et les snobs. Nous arrivons juste à temps pour continuer cette journée sportive. Il est de bon ton de se choisir un favori, si possible différent de son voisin de sofa pour animer un tantinet la soirée. Il faut dire quil y en a pour 4 bonnes heures de sport et de publicité. Il paraît même que certains ne regardent le match que pour découvrir les pubs créées spécialement pour lévénement. Bon alors, qui va gagner ? Les « Rams de Saint-Louis » ou les « Titans du Tennessee » ? Je penche plutôt pour les premiers, sans savoir vraiment pourquoi. Pourtant, le Tennessee devrait me rappeler des souvenirs musicaux lointains Mais, Saint-Louis est un nom qui sied bien à mes oreilles de « maudit » français, alors
La partie commence et, je dois lavouer, ce sport finalement ne me passionne pas vraiment. Il est bien trop haché. Et, mexplique-t-on, il faut bien connaître les tactiques employées pour profiter réellement du spectacle. Au fur et à mesure des minutes, la maison se vide. Cri puis la sur de MEG et sa famille nous quittent. Le premier pour retourner à Québec où je le rejoindrais en fin de semaine. MEG, tout juste rétablie diffère son départ et saccorde une nuit supplémentaire à Lorraine : Elle partira tôt demain.
Pendant ce temps là, la partie continue et devient véritablement prenante dans les dernières minutes, le score étant très serré. Finalement, Saint-Louis simpose. Jai encore choisi les bons, jaurais dû parier ! Ils gagnent à temps, juste avant que je ne sombre dans le sommeil. Je nai pas encore digéré le décalage A mon grand plaisir, je suis invité à rester ici tout le temps de ma présence à Montréal. Je dois avouer que malgré mes hésitations, je ne voulais pas déranger, cela me fait extrêmement plaisir. Et puis, cela me permettra sans doute davoir des discussions intéressantes. Pour ce soir, en tout cas, pas de bavardages, je men vais dormir !
MONTREAL SOUS LA NEIGE :
Six heures du matin, je suis parfaitement réveillé. Je jette un coup dil à la fenêtre. Il a neigé cette nuit. Une couche supplémentaire de blanc a recouvert le paysage : Cest beau ! Je descends pratiquement au moment où MEG et sa mère quittent les lieux pour partir vers leurs labeurs respectifs. Rendez-vous est pris avec Marie pour Québec à compter de la semaine prochaine. Un peu plus tôt même, puisque je pense être là-bas dès vendredi, jour de son retour définitif chez elle.
Je me retrouve donc seul, attendant le départ du maître des lieux. Jen profite pour observer le magnifique décor qui sétale derrière les vitres. Je feuillette le journal, histoire de prendre contact avec la vie quotidienne. Puis, je prépare, plus ou moins, mon programme. En fait, jai décidé, inconsciemment, de ne pas connaître une nouvelle fois la frénésie de mon premier séjour. Non pas que je naie pas aimé cela, mais jai juste envie dautre chose cette fois-ci. De plus, le lundi est un jour où les lieux touristiques sont fermés. Donc je vais devoir me rabattre sur autre chose. De toute façon, il faut que je procède à la location dune nouvelle voiture, mon contrat arrivant à son terme. Le temps que jaille à Dorval et que je revienne à Montréal, la journée sera bien avancée.
Le père de MEG donne le signal du départ. Ce qui me donne loccasion de procéder à mon premier déneigement de voiture. Il a bien neigé cette nuit. Je comprends les québécois qui râlent contre lhiver au bout du deux ou troisième mois de neige et de déblaiements matinaux. Pour moi, cest presque amusant. Je pars en respectant de mon mieux les conseils que lon ma donné : Ne pas rouler trop vite et faire attention, cest glissant en maudit.
Après la location de mon autre voiture, une confortable Chrysler toutes options, je retourne au cur de Montréal. Jy arrive presque à midi. Quasiment par défi, je décide de replonger dans la ville souterraine. Cette fois-ci je vais la vaincre ! Et puis, maintenant jai compris pourquoi je métais perdu les autres fois. Cela ne se reproduira plus ! Et, en effet, je ne me perds pas. Je sais, cela peut paraître bizarre comme endroits de visite, mais cela me donne, je pense, un bon aperçu de la population et des habitudes des montréalais. Je crois dailleurs quil ny a pas de comparaison possible avec le reste du Québec. Ce sont deux mondes distincts, même sils sont très proches. Ils sont différents dans leur vie quotidienne mais unis par une très forte histoire commune. Les rivalités existent mais, au fond deux-mêmes, ils sont avant tout québécois. Et, jen suis sûr, fiers de lêtre.
Je marrête quelques minutes pour prendre un sous-marin (un sandwich pour les français incultes) et pour observer la foule. Le seul détail, mais est-ce seulement un détail ? Cest le fait que lon madresse le plus souvent la parole en anglais. Pourquoi dabord langlais ? Alors que, pourtant, partout les gens parlent français. Peut-être parce que les lieux sont fréquentés par de nombreux anglophones du monde des affaires. Je ne sais pas, mais cela me chagrine. Il parait dailleurs que lusage du français a baissé denviron 5% à Montréal au cours de la dernière décennie. Cela ne métonne que peu Même si ce problème de langue semble être circonscrit à certaines zones bien délimitées. On sent bien là, la force de lhistoire. Français et anglais peuvent-ils vraiment fusionner en une seule et unique communauté ? Sans doute pas complètement. Enfin, à mon avis
Bon, je pense, je pense Mais lheure tourne. Puisque jai une voiture et quil fait un temps agréable, -2°C, je vais profiter du soleil pour effectuer un petit tour de ville. Une idée me vient, si jallais voir le circuit Villeneuve. Peut-être quil est ouvert. Je pars donc à travers les rues montréalaises en direction du pont Jacques Cartier qui mène à lîle Sainte-Hélène. Après moult détours qui me font, entre autre, découvrir un panneau indicateur intéressant pour lhabillage photographique de certaines uvres musicales, je parviens enfin sur lîle. Ne trouvant plus le passage pour rejoindre lîle Notre-Dame, je repars vers le pont de la Concorde. Là, je suis sûr de moi. Je débarque sur le circuit. Je moffre alors une petite séance de pilotage sur neige fort agréable. Je vais forcément un petit peu moins vite quune formule 1, mais les dérapages, les glissades et les trajectoires que jeffectue me plaisent bien. Ce qui est bien cest que la route est déserte. Evidemment puisquelle ne mène nulle part ! Comme cela, maintenant, je suis prêt à maîtriser mon véhicule dans nimporte quelle situation hivernale.
Je retrouve le passage entre les deux îles, et je retourne sur lîle Sainte-Hélène. Elle est superbe cette île. Je lavais énormément aimée en automne, je laime encore en hiver. Blanche et douce, calme et tranquille. Durant cette période, se déroule ici la Fête des Neiges, manifestation plutôt pour les enfants mais où lon peut trouver un superbe château de glace et de nombreuses petites sculptures de glace et de neige. Je reviendrais ici demain prendre quelques photos, si le temps le permet.
Je tourne et je vire dune île à lautre, dun pont à lautre, dune rive à lautre, dune rue à lautre, mimprégnant de latmosphère de cette ville, métropole de la Belle Province. Tant et si bien que lheure de rentrer à Lorraine est venue. La circulation est dense et je dois bien compter une heure de route. Je pars donc, la radio entonnant incessamment toutes les chansons à la mode. Il y en a de très bonne. Je vais faire le plein de disques ! Allez, direction Lorraine.
Jarrive après avoir enduré de longs embouteillages. Bien content de retrouver des personnes de connaissance. Je suis bien fatigué, je prends juste le temps de manger et je monte maffaler sur le lit. Je nai même pas la force de regarder la télévision cest un effort trop contraignant ! Je tente de mettre un itinéraire au point pour demain puis je mendors gentiment, sombrant dans de beaux rêves blancs et purs
DU JARDIN BOTANIQUE AUX MUSEES DHISTOIRE :
Mardi matin, il a encore neigé. De nouveau la corvée de déneigement ! Mais, je nai rien à dire, je lai voulu, oui ou non ? Malgré ces pelletées matinales, je reconnais que la météo est, une fois de plus, clémente. Bien éloignée de lidée de terrible rudesse que je me faisais avant de partir. Même si mes observations via Internet mavaient rassuré en partie. Le soleil se montre encore et toujours présent, faisant régner une agréable lumière sur le paysage blanc. Ce matin, mes objectifs se situent sur lEst de Montréal : Quelques photos à la Fête des Neiges puis une promenade bucolique au splendide Jardin Botanique, devant lequel je suis passé hier et qui me semblait toujours aussi accueillant.
Pour commencer, je me perds. Je ne sais pas ce quil me prend, mais je mengage sur une sortie dautoroute au nom réjouissant : Côte-de-Liesse, confondant sans doute avec une rue que je croyais connaître. Le temps de me remettre dans le droit chemin, je perds une heure et demi avant datteindre le centre ville : Une éternité ! Bon, de là je nai quà gagner lîle Sainte-Hélène. Jy arrive, me gare et descends dans la neige fraîche. Cest fou comme jaime gambader là-dessus, ou plutôt là-dedans. Jai dû être ours polaire dans une vie antérieure (dailleurs, jen ai presque conservé le poids ) ! Je me rends sur le site de la fête. Cest réellement mignon, ce château fort fait de blocs de glace et ces sculptures pullulant sur le devant. Jai juste le temps de prendre mes photos quun monsieur vient me prévenir que lentrée est payante mais que cest fermé pour linstant. Il me prie de bien vouloir partir. Oups ! Désolé Avant de reprendre la voiture pour aller au Jardin Botanique, je contemple le décor, ce centre ville toujours aussi proche, et pourtant si loin, et le Saint-Laurent charriant indifféremment les navires de commerce et les plaques de glace. Une vue qui comble mon imaginaire nourrit détés quasi perpétuels.
Dun tour de roue, je gagne le Parc Olympique. Je sors de la voiture et je sors de la ville Dieu que ce chemin me plait. Je suis entouré darbres, des centaines, des milliers darbres. En été, cela ressemble à un jardin fleuri. Lhiver venu, cest une vraie forêt ! Toutes sortes despèces prolifèrent : Sapins, ifs, bouleaux, cyprès, ormes, hêtres, thuyas, mélèzes, épinettes et, bien évidemment, les légendaires érables. Les passants sont rares et je me trouve presque seul dans ce bois nordique. De temps à autre, un skieur passe, empruntant les pistes de ski de fond qui traversent le parc et disparaissent à lhorizon. Horizon très proche, si proche que je ne vois plus aucune des constructions, pourtant si peu éloignées. En quelques pas, jai plongé dans le désert blanc. Enfin, blanc et vert. Et puis pas si désert que cela non plus, les oiseaux et les écureuils foisonnent. Des écureuils qui, pour certains, nhésitent pas à sapprocher de moi. On ne sait jamais, je pourrais avoir de la nourriture Je ne connais pas la taille exacte de ce jardin extraordinaire, mais il me faut plus dune heure pour en faire le tour, en marchant à bonne allure.
Lorsque je reviens à mon point de départ, je me dirige vers la bibliothèque, autant pour me reposer que pour me réchauffer. Car, malgré les 5°C et le soleil, le vent qui souffle par intermittence est un peu frisquet. Jy découvre une biographie de Gilles Vigneault très instructive. Ce nest pas un arbre, mais ses racines sont profondes et puissantes ! Ensuite, une fois ma lecture achevée, je pars déjeuner. Je réserve laprès-midi aux musées dhistoire. Les deux que je navais pas eu le temps de visiter la première fois. Les musées Mc Cord, rue Sherbrooke, et le château Ramezay, dans le Vieux Montréal, tout près de lhôtel de ville. De quoi satisfaire mon insatiable curiosité !
Le repas me donne loccasion de déguster mon premier muffin : Miam ! Je repars ensuite sur la rue Sherbrooke, en direction du musée Mc Cord. Une partie de celui-ci est consacré à une exposition de photos. Certains clichés sont spectaculaires, tels le palais des glaces construit vers 1890 pour le Carnaval et qui dépassait les 15 mètres de hauteur, et les images de la ville après de violentes tempêtes de neige tout au long du siècle : Impressionnant ! Le reste est une galerie dobjets divers ayant tous rapport avec lhistoire des montréalais. Pour la plupart, ce sont des objets usuels : Poêles, raquettes, vêtements, qui ont permis aux immigrants de sadapter aux dures conditions climatiques de cette terre de froidure. Voilà donc le but de ce musée : Raconter la vie et les changements dhabitudes, au fil des âges, des habitants de lîle de Montréal. Tant dans leur vie quotidienne, leurs moyens de transport que leurs loisirs, etc En parlant de loisir, parmi les jouets rassemblés se trouve une espèce de Baby-Foot, mais dédié au hockey, cela surprend. Il y a aussi une salle réservée aux amérindiens, comme dans la plupart des musées québécois. Et, comme toujours, cette partie mintéresse particulièrement. A signaler, une initiative originale : Celle davoir collecté des objets ayant appartenu à des montréalais et les exposer avec un texte retraçant leur histoire et celle de leur propriétaire. Je trouve cela assez émouvant.
Mais, jai encore des tas de choses à voir. Je quitte donc le centre-ville et je pars dans le vieux quartier. Le château Ramezay était la demeure du gouverneur de Montréal à lépoque française. Cest une belle bâtisse bien restaurée et bien entretenu, située à deux pas de la superbe place Jacques Cartier, la place de lhôtel de ville. Le château, un nom un peu prétentieux pour une maison améliorée, abrite un musée qui concerne lui aussi lhistoire de Montréal. De la découverte au XIXème siècle. Dans de nombreux domaines, aussi bien lhabitât que la politique ou lurbanisme. On y trouve des meubles, des décorations, des journaux dépoques Je dois me dépêcher de faire la visite car le musée doit fermer bientôt. Tiens, ils vont tourner une émission télévisée avec un musicien qui sinstalle et accorde son instrument. Je lentends au loin et cela semble être une espèce de cornemuse. Je prends, malgré tout, le temps de tout lire, ou presque, car les explications et les documents sont, pour beaucoup, forts intéressants. Mais, lheure vient où je dois quitter les lieux.
Dehors, je men vais faire un tour vers le vieux-port, transformé en une gigantesque patinoire à ciel ouvert. Je reconnais lendroit : Il est une des vedettes dune caméra reliée à Internet. Hé ! Je passe en direct sur le réseau, bonjour le monde La nuit tombe. Les uns après les autres, les éclairages se mettent en action et illuminent le décor. La place Jacques Cartier est véritablement sublime ainsi. Tous les arbres brillent et les lumières se reflètent sur la neige, superbe ! Cest une vision quasi féerique, avec lhôtel de ville en arrière plan. Je nose quà peine imaginer ce que cela doit être au moment des fêtes, lorsque le nombre des décorations atteint son maximum. Cela doit être absolument somptueux ! Cela me désole, mais il va falloir que je marrache à ce beau paysage : Il est temps que je rentre à Lorraine. Vu lheure quil est, je serais certainement en retard pour le souper. Mais, bon, le paysage que je vais retrouver là-bas nest pas non plus des plus laids Depuis mon arrivée au Québec, cette province est un véritable plaisir pour mes yeux comblés par tant et tant de beauté.
En effet, on mange tôt le soir ici, vers 18 heures, et jarrive à presque 19, après mêtre sorti des inévitables embouteillages. Tant pis pour moi. Je mangerais seul dans mon coin Je crois que jai réussi enfin à digérer le décalage horaire. Je tiens le coup jusque tard et peux ainsi préparer activement ma prochaine journée : Cest décidé. Puisquil va encore faire beau, je monte au Mont Royal ! Je sens que je vais me régaler
MONT ROYAL ET BIODÔME :
Le soleil, le merveilleux soleil est de nouveau de la partie. Comme tous les matins, je prends mon petit-déjeuner devant la fenêtre, mon regard se perdant au milieu de létendue blanche. Comme tous les matins également, jattends le départ du père de MEG pour entamer mon marathon quotidien (un petit, tout petit marathon ). Nous profitons de ces quelques minutes pour discuter ensemble. Ce matin, le sujet sont les taxes réciproques de nos deux pays, ainsi que la différence de niveau de vie, de lordre de 10 à 20%. Japprends de la sorte bon nombre dinformations sur le Québec, renseignements toujours très intéressants pour un incorrigible curieux tel que moi. Et puis, cela pourrait mêtre, peut-être, fort utile un jour, qui sait ?
Vers neuf heures, nous partons vers nos occupations respectives. Malgré un petit vent « vivifiant », je décide de grimper au Mont Royal. Je ne peux pas rater cela, la vue et le décor y sont si incomparables ! Toutes radios allumées, je retourne au cur de la métropole. Une fois de plus, je cafouille un peu mon itinéraire, mais je parviens à me situer malgré tout et jarrive au pied du mont, au lac aux castors pour être précis, relativement rapidement. Avant de sortir de mon cocon automobile je méquipe sérieusement. Il fait froid aujourdhui
Je prends mon courage à deux mains, à deux gants devrais-je dire, et je descends. O fan de putan, y fait frêt en maudiiiiiiiiiiit ! Heureusement que je vais marcher, cela va me réchauffer. Je mengage sur le chemin du chalet, avançant dans la neige, patinant involontairement par moment. Daccord, il fait froid, mais cest tellement beau que cela le vaut bien. Je marche, croisant des courageux en ski de fond et dautre, encore plus courageux, en train de courir ! Le paysage est radicalement différent en hiver, pas question demprunter les sentiers détournés : Il me faudrait des raquettes. Je parviens sur lesplanade du belvédère. Le centre ville soffre de nouveau à moi, habillé de son manteau de neige, exhalant le souffle vaporeux des chaufferies centrales. Au loin, le Saint-Laurent en partie gelé sécoule lentement, sans heurt. Jai limpression de contempler une carte postale du temps des fêtes de fin dannée. Cependant, à ma grande joie, je suis moi-même dans la carte, petit point du décor, isolé au milieu de limmensité. Je pars ensuite vers la croix, que je navais pas vu la dernière fois, ayant pris le sentier de lescarpement actuellement impraticable. Sur ma route, je croise des écureuils venus se nourrir autour des mangeoires installées par les employés municipaux. Mon passage ne les dérange pas le moins du monde, comme ceux du Jardin Botanique. Tout juste sarrêtent-ils une seconde pour me jeter un rapide coup dil, puis ils reprennent leur activité comme si de rien nétait. Je marche longtemps, abrité du vent glacial par les arbres et la montagne. Puis, je reviens à mon point de départ, accompagné par les nombreux oiseaux qui peuplent agréablement cette forêt intra-muros.
Dès que je sors de labri des arbres, je gèle littéralement. La voiture nest guère loin, 1 kilomètre tout au plus, mais cela me laisse le temps de sentir le froid mourir, non pas « au cur de chaque bière », comme dirait Charlebois, mais au cur de mon visage, seule partie un peu découverte. Lorsque jarrive enfin, je ne sens plus mes pommettes ni ma bouche. Je suis complètement frigorifié et il me faut plusieurs minutes avant que je ne me remette de mes émotions. Pourtant, il ne fait que -10°C aujourdhui. Simplement, les rafales de vent font facilement baisser tout cela à - 20°C Mais, bon, cela méritait bien leffort que je viens daccomplir : Que cest beau !
Après cela, je crois quil est sage de rester à lintérieur. Pourquoi pas dans la forêt, tropicale celle-ci, du Biodôme ? Aussitôt pensé, aussitôt fait ! Au moins, là, jaurais chaud. Je parviens au stade olympique et je me gare sur le stationnement prévu pour les visiteurs du site. Pour lanecdote, on me remet à mon entrée sur le parking, une note dinformation me disant de bien fermer ma voiture, un vol se produisant toutes les 12 minutes au Québec ! Quand on pense quà Marseille il doit sen produire un toutes les trente secondes Je franchis difficilement les mètres me conduisant à lentrée du Biodôme, les bourrasques de vent soulèvent une véritable pluie de neige me cinglant au visage Bienvenu dans lhiver, Monsieur RV !
Je ne vais pas revenir très longuement sur la visite du Biodôme, déjà largement traitée dans un précédent épisode de lépopée dun maudit français au Québec. Cest toujours aussi bien fait et aussi agréable à voir. Un peu de nature dans un lieu où on ne lattendait pas. Un raccourci climatique extrêmement bien réalisé. Je ne regrette pas dy être retourné, cest à la fois reposant et instructif. En revanche, je ne recommande pas le café-restaurant Jy mange parce que cest plus pratique, mais cest relativement cher et pas vraiment intéressant gustativement. Même si, à lheure où je me présente, le choix est assez restreint. Le reste na pas lair de meilleur goût. Mais, bon, cest déjà mieux que rien.
Je regarde lheure, il est un peu tôt pour rentrer, mais un peu tard pour envisager une quelconque activité culturelle. Ayant mes appareils photos sur moi, je décide de retrouver le panneau indicateur de lundi et daller limmortaliser sur ma pellicule. Je repars donc et je me mets à sillonner les rues innombrables. Les kilomètres défilent, les minutes aussi, et je ne parviens pas à le retrouver. Pourtant, il est là, tout proche Bon, cela me permet de visiter de fond en comble Montréal. Maintenant, je suis un expert en orientation métropolitaine. Finalement, je suis contraint dabandonner. Je reviendrais demain, si jarrive à me souvenir dun détail me mettant sur la bonne piste
Je men vais donc à Lorraine. Jy arrive un peu tôt et je dois attendre devant la porte, tant pis pour moi, je navais quà mieux organiser mon emploi du temps. Finalement, tout rentre dans lordre et je peux me réchauffer après cette froide journée. Jadmire une nouvelle fois le terrain enneigé et la piscine dont seule léchelle trahie lexistence. Le père de MEG, (un peu fatigué de lhiver ? Peut-être un peu.) me dit quil se félicite davoir cette piscine et quil a envie de pouvoir en profiter Puis, nous en venons en parler des écureuils, je ne sais pas pourquoi dailleurs, et il me raconte lhistoire de MEG et de son petit écureuil qui venait tous les jours la voir et qui, au fil du temps, en est venu à monter sur sa jambe pour y manger des peanuts. Jusquau jour où il a grimpé sur la table pour manger directement dans les assiettes Ce jour-là les parents ont dit : Stop ! Une bien belle histoire, nest-ce pas ?
Demain sera mon dernier jour à Montréal, je dois donc y faire tout ce que jai besoin : Magasinage, et dernières visites importantes. Je ne reviendrais que dans une semaine, pour prendre lavion.
COSMODÔME :
Je me réveille, bien au chaud. Incroyable ! Le soleil est encore et toujours au rendez-vous. Je suis chanceux ou quoi ? Il faudra que je me renseigne sur ce sujet ce soir avec Camille et Le père de MEG. Aujourdhui, cest vraiment un super soleil, un méchant soleil de fou ! La météo prévoit 12°C pour la journée, mais sans vent ou presque : Parfait !
Pour cette dernière virée montréalaise, je me suis concocté un programme magnifiquement étudié. Je vais aller du plus loin au plus proche, logique, non ? Ma première mission, si je laccepte, est de remplir le réservoir de mon véhicule automobile à moteur thermique. Mon « char », quoi ! Je pense ne pas avoir de problème, cela doit être comme partout Erreur ! Même là il faudrait un mode demploi. Au bout dune poignée de minutes, au moment où jallais partir demander de laide, lemployé de la station sort et me demande « Vous êtes français ? » La honte ! Et oui, comment lavez-vous devinez ? Il fallait juste soulever la petite poignée sous le pistolet de la pompe. Cest simple, une fois que lon a vu la chose. Tout ça pour de lessence. Enfin, bon, limportant cest dy arriver.
Ensuite, je décide de me rendre dans les différents magasins de la ville souterraine et de surface pour y effectuer quelques menus achats. Comme à mon habitude, je stationne dans le même parking, tant et si bien que les employés commencent à me connaître et me demandent mes impressions de français sur Montréal. Que leur dire sinon que cest bien, que le Québec est limage même de ce que jaime ? Puis, je replonge dans la ville souterraine que maintenant je maîtrise sur le bout des chaussures. En effet, je ne my perds plus, je pourrais presque servir de guide ! Je suis fier de moi. Jai envie de macheter des disques, pleins de disques et une bonne dose de bouquins, surtout sur lhistoire québécoise et la culture amérindienne. Par goût et par besoin, dans le cadre dun futur roman de science-fiction franco-québécois. Pour cela, jai deux noms en têtes : HMV et Indigo. Dans le premier je trouve mon bonheur musical. En plus jai le droit à un disque gratuit pour dix achetés. Il faudra que je revienne pour profiter de cette réduction. Dès que jaurais une idée pour les deux prochains artistes qui rejoindront ma collection de CD. Dans le second magasin, jy trouve une ambiance particulière, une ambiance Jazz. De la musique calme est diffusée pendant que les clients prennent un café ou toute autre consommation en lisant le livre de leur choix. Cela ressemble un peu à la FNAC mais version classe supérieure, un peu moins populaire. Jy déniche plusieurs livres dont un magnifique sur Montréal. Tout ce que je voulais.
Avant de men aller au Cosmodôme, je fais un ultime tour dans la ville intérieure, Place Ville-Marie, Place Montréal-Trust, superbe vraiment, Eaton, la Baie A toute heure les couloirs sont animés. Cest à se demander doù vient tout ce monde.
Enfin je ressors. Je me souviens maintenant, presque avec certitude, de lemplacement du panneau Hochelaga que je veux photographier. Je moffre donc un dernier tour de ville pour le retrouver. Je ne me suis pas trompé. Il est bien là. Je le couche sur ma pellicule et je mengage une nouvelle fois sur la rue Sherbrooke, direction autoroute 15 Nord.
Cest terminé pour Montréal ou presque. Ma prochaine visite se fera lors de mon prochain voyage. Un voyage proche et prochain. Je suis drogué au Québec, il me faut ma dose régulièrement. Je prends la route de Lorraine, puisque le Cosmodôme est sur le chemin et je quitte la ville. Lentrée du Cosmodôme est inratable : Une fusée trône sur le parking, visible à plusieurs kilomètres depuis lautoroute. Je me gare devant, au plus près, la température sest faite plus fraîche car le vent sest relevé un tantinet. Mais cela ne me dérange pas, puisque je vais passer laprès-midi à lintérieur.
Je pénètre dans le musée de lespace et je commence la visite. On est jeudi et je suis absolument seul. Jai lespace pour moi, rien que moi. Finalement, spectacle audio-visuel inclus, je passe presque 5 heures à visiter et, presque, tout voir. Cest immense et passionnant. On aborde ici tous les sujets ayant un rapport avec lexploration spatiale. De la science aux communications en passant par lécologie. Cest vraiment très bien fait et extrêmement intéressant. Peut-être que pour un touriste qui découvre le Québec, cette visite ne simpose pas, en plus elle dure fort longtemps. Mais pour quelquun que la science attire il ny a pas à hésiter. On peut même y voir une véritable roche lunaire ou parler à distance simplement grâce à un procédé naturel de réflexion sonore. Comme je suis seul, je prends le temps de parler à la caissière avant de men aller. Je lui confie mon envie de Québec et elle me souhaite bonne chance, mindiquant même quelques pistes sur lesquelles me pencher. Une après-midi parfaite même si, faute de temps, je nai pas dîné. Je me rattraperai ce soir.
Le soir arrive vite dailleurs. Je regagne Lorraine pour ma dernière nuit dans mon premier B&B familial. Les fameux B&B Godin : Ils méritent bien leurs quatre étoiles ! Je mange seul avec le père de MEG qui me raconte son enfance à Montréal et qui mexplique la face cachée et un peu sombre de la ville. Malgré son calme, elle abrite une étrange population de pègre et de mafia. Rien nest parfait dans ce monde. Mais, cest bien beau quand même, vraiment beau. Puis, nous parlons des autres pays, ceux qui sont touristiques mais pauvres. Et, on se dit que lon a quand même de la chance de vivre là où lon vit.
Ensuite, on minvite à regarder Virginie, un feuilleton quotidien quune majorité, paraît-il, de québécois suit avec attention. En plus, cette série qui met en scène des professeurs parlent en ce moment dun échange avec des français, professeurs eux-aussi. Cela mintéresse de savoir quelle image ont les québécois des français. Je me doute un peu du résultat mais je suis curieux de la chose. En fait je découvre, impression confirmée par une émission musicale un peu plus tard dans la même soirée, quils font un amalgame entre français et parisiens. Ce nest pas tout à fait la même chose. Déjà que les français sont râleurs, mais alors les parisiens Il faudrait leur dire que Paris cest pas la France ! Enfin, je ménerve pour rien En tous cas, je pense que, malgré tout, ils nous aiment bien quand même. Même sils ont un peu de mal, je crois, à appréhender les différences qui existent entre les français. Au Québec, la seule différence quil peut exister est entre les montréalais et les autres. Mais, en fin de compte se sont tous, avant tout, des québécois (je parle des francophones, bien entendu). En France, on a souvent dabord une appartenance régionale. Après tout, certaines régions sont françaises depuis moins longtemps que le Québec existe. Et je ne parle pas de léternelle et immense rivalité entre régions et Paris. Ce sont presque deux mondes à part.
Bon, il est temps de faire mes bagages et de men aller coucher. Jai passé une bonne semaine à Montréal. Je ne regrette vraiment pas dêtre venu à Lorraine. Jai ainsi pu profiter pleinement de la vie québécoise. Même si mes parents mont dit au téléphone quil faisait 15°C à Marseille aujourdhui. Jaime autant les glaces du Québec que le soleil de Provence. En plus, renseignements pris, le climat est toujours comme cela : Froid certes, mais très ensoleillé. Le mauvais temps très froid est rare, et ne dure quun jour ou deux « Cest pas pire » ! Il paraît même que des belges en vacances au Québec ont dit préférer cet hiver froid et ensoleillé au leur, si souvent gris.
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