UN MAUDIT FRANCAIS EN HIVER

QUEBEC

LA MORILLE :

C’est une nouvelle aventure qui débute aujourd’hui. Je vais émigrer un peu plus au nord, encore plus au nord, encore plus au froid, vers la belle capitale nationale comme elle s’appelle elle-même. La belle Québec, ville d’histoire et de tradition. J’ai l’impression de me répéter, mais il fait encore beau ce matin ! Mon voyage va être, je pense, très plaisant. Je prends mes affaires et je les descends à la voiture. Je remercie avec une grande sincérité les parents de MEG qui m’ont permis de passer une semaine quasi parfaite. Puis, je me lance sur les 250 kilomètres d’autoroute me séparant de Québec.

Heureusement que ma voiture est équipée des perfectionnements nécessaires pour les grands parcours. Parce que près de trois heures à cette vitesse, c’est long… Pensez-donc, 100 km/h maximum, avec une tolérance jusqu’à 120. Le système de Cruise Control couplé à la boîte automatique est totalement adapté. Il en devient même dangereux, plusieurs fois ma vigilance baisse fortement et je me force à reprendre la direction des opérations.

Les kilomètres défilent. Je passe Trois-Rivière, la ville de la pâte à papier. Et je poursuis ma route vers le Nord sur l’autoroute 40. Au fur et à mesure de ma progression, je découvre le changement de végétation. Vers Montréal, la forêt est composée en majorité de feuillus puis, en avançant vers le Nord, les sapins prennent le dessus et ajoutent une touche de vert au blanc presque uniforme. Soudain, des bosquets apparaissent, mes connaissances en botanique m’interdisent de reconnaître l’espèce d’arbre dont il s’agit, mais ils sont magnifiques. Leur écorce est blanche, leurs branches sont blanches et couvertes de cristaux de neige scintillants au soleil. Tout simplement splendide.

Enfin, les abords de Québec arrivent. Je commençais à m’impatienter et à oublier quelque peu les limitations de vitesse… Encore un petit effort et je parviens au bout de mon voyage. Et, comme Montréal un beau jour de septembre, Québec entre de plein fouet dans mon cœur : Superbe, indiciblement superbe ! Je suis déjà venu ici, mais je n’avais pas été autant frappé par la beauté de cette ville. Québec est une ville de l’hiver, le blanc lui va si bien. Je fais le tour de la vieille cité et je me retrouve à Sillery, là où habite MD. D’ici, la vue sur le Saint-Laurent est admirable. Si je peux me permettre un conseil, il faut visiter Montréal à la belle saison, pour profiter de ses parcs, de ses jardins et de ses rues animées. En revanche, Québec se dévoile véritablement l’hiver, lorsqu’elle revêt ses habits de Noël.

Je regagne la veille ville, au pied du château Frontenac. Je téléphone à Cri pour prendre rendez-vous avec lui ce soir. Il doit me guider jusque chez eux. Puis, comme il me reste une bonne partie de l’après-midi, je pars en visite. Il fait un peu froid, surtout dans le vent. Mais le temps est superbe et la vue parfaite. Le Saint-Laurent gelé, la terrasse Dufferin enneigée et occupée par une grande piste de luge. Ils vont vite ces engins là… Tiens, puisque j’ai un peu de temps, si je commençais ma tournée des musées ? Je vais l’entamer par le plus proche : Le Musée de l’Amérique Française.

Que dire de ce musée, sinon qu’il est vraiment à voir. Hormis les expositions d’objets d’art en tous genres, intéressants mais sans plus, la partie réservée aux francophones d’Amérique est passionnante. Là sont rassemblés des témoignages de gens habitants en de nombreux lieux et réunis par une même langue. Extrêmement instructif ! De plus, une exposition temporaire consacrée aux bâtisseurs de la ville de Québec complète la visite. Visite que je n’ai pas le temps de terminer, pressé par le temps et la taille du musée. Il faudra que je revienne pour finir tout cela.

Bon, et bien, il est l’heure de rejoindre Cri. Je dois tout d’abord trouver le boulevard Laurier et la Grande Allée. Je n’ai pas encore le sens de l’orientation dans cette nouvelle ville. Je sais approximativement dans quelle direction partir, mais avec la sortie des bureaux, ce ne va pas être de tout repos… Heureusement, je connais l’amabilité des québécois et je profite de la première station essence pour me renseigner. La jeune fille à la caisse est ravissante : Elles sont toutes comme cela les québécoises ? Parce que depuis que je suis arrivé je n’ai vu que des jolies filles… Bon, allez, arrêtons de rêver ! Muni de bons conseils je reprends la route et je trouve mon chemin immédiatement. Merci mademoiselle. Là je retrouve Cri qui me mène droit sur le boulevard de la Morille. Mon nouveau B&B de luxe.

Je m’installe dans l’appartement encore blanc, plus pour très longtemps puisque des projets de peinture sont en cours, et je commence à faire plus ample connaissance avec le « chum » de MEG. Marie qui doit arriver vers 22 heures. Nous allons l’attendre. Lorsqu’elle arrive, elle est fatiguée mais trouve quand même le courage de me poser une tonne de questions concernant mon séjour et mes futurs activités. Elle me fait aussi découvrir ses photos de son périple européen. C’est presque aussi beau que le Québec, presque… Enfin, vient l’heure de dormir. Vivement demain !

CARNAVAL ET MAGASINAGE :

Ici aussi il fait beau. Décidément, c’est un leitmotiv. Je patiente quelque peu en attendant que mes hôtes se réveillent à leur tour. Enfin, j’attends que Cri se réveille… Parce qu’un samedi, je ne pense pas que Marie émerge avant une heure avancée de la matinée. La neige est arrivée peu à peu, mais le soleil doit réapparaître d’ici midi, c’est supportable. Cependant, les températures semblent en baisse, et puis le vent a retrouvé de la vigueur. Il paraît que, de toute façon, il y a toujours du vent à Québec…

Pendant que des flocons épars tombent dehors, je passe un bout de temps devant la télé, en bon citoyen occidental que je suis, notamment une émission de « soccer », histoire de lutter contre le mal du pays. Lorsque MEG nous rejoint, vers 10 heures et des poussières, nous mettons au point notre stratégie d’occupation de temps pour la journée. Malgré le peu d’empressement de « super cousine », nous irons faire un tour du coté du Carnaval. J’ai envie de voir ce que c’est, même si ce n’est pas le but ultime de ma venue au Québec. Ensuite, nous aviserons. Certainement du « magasinage » en vue de « peinturer » l’appartement.

Tout d’abord, nous épluchons les petites annonces, rubriques offres d’emploi. Tiens, Marie aurait-elle une idée derrière la tête ? J’en profite pour me renseigner sur les possibilités qui pourraient s’offrir à moi… Puis, nous mangeons et partons dans le froid.

Car, il fait froid ! Notamment dans le vent, aux alentours de –20°C. Au sortir de la voiture, je mets plusieurs dizaines de minutes à m’habituer à cette bise d’hiver. Mais, il y en a une qui a encore plus de mal, pourtant elle est d’ici… Je pense que cela l’énerve un peu que je ne souffre pas plus que cela du froid. Désolé, je ne le fais pas exprès. Notre visite du Carnaval débute par une construction en glace dénommée « La ligne du temps ». Je reconnais que le travail effectué est remarquable. C’est un igloo géant prolongé par un mur de château, tout en glace. Mais, c’est un peu « plate ». Rien de bien excitant. En revanche, à quelques encablures, les Plaines d’Abraham sont plus vivantes. De nombreuses animations sont proposées telles que ballades en traîneau à cheval, luge… Et il s’y trouve une exposition de sculptures sur neige. Certaines sont impressionnantes de taille et d’esthétisme. Il faut dire que c’est un concours international auquel participent des français, des canadiens de plusieurs provinces, des québécois, des italiens… L’humour, avec le Bug de l’an 2000, et la poésie, avec la queue du chat dépassant de l’épaisse chevelure d’une jeune femme, y sont mêlés. Un peu plus loin des surfeurs profitent de petits tremplins naturels pour s’essayer à des figures acrobatiques. Et puis, il y a même une cabane à sucre où l’on peut déguster une « tire d’érable ». Je ne peux pas résister au goût inimitable du sirop d’érable figé sur la neige. Des touristes, sans doute françaises, nous font rire en commentant cela d’une phrase candide : « C’est bon le caramel ! » Mais non, ce n’est pas du caramel, c’est encore bien meilleur !

Mais, Marie a bien trop froid, et cela se comprend, nous décidons de regagner la voiture en déambulant le long de la Grande Allée. Non sans avoir admirer la formidable vue sur le Saint-Laurent. Le long de la rue, des bars ont bâti des comptoirs de glace magnifiques et offrent des boissons fortement alcoolisées. Je rassure tout le monde, je n’y ai pas goûté. Sinon, je crois que j’aurai fini tout nu dans la neige… Cela n’aurait pas été correct. Au cours de notre retour, MEG me trouve des documents m’indiquant que l’on peut visiter le parlement de Québec. Je n’y aurais pas pensé, mais cela me tente bien. Merci Miss Marie !

Enfin, nous rentrons à la maison. Puis nous partons dans les magasins pour y faire quelques achats de provisions et quelques études de couleurs de peintures. Direction RONA et IGA. Nous visitons aussi une maison témoin toute mignonne avec, notamment, un bureau comme je les aime. Une maison comme cela au bord d’un lac, entourée de neige : C’est le paradis ! Avant de repartir, nous louons deux films pour le soir. Un se révèle bien divertissant, mais le deuxième, dont j’ai volontairement oublié le titre, est réellement indigne d’être couché sur une pellicule…

Pour le repas du soir, nous expérimentons une nouvelle recette de spaghetti avec une sauce à la crevette. Finalement, le résultat est curieux. Bon, nourrissant, mais curieux. Je ne pense pas que l’objectif initial ressemblait à cela… Ce n’est pas grave Cri, c’est bon quand même. Après la séance vidéo précédemment décrite, nous allons tous dormir. Demain, nous aurons peut-être droit à la visite d’amis de MEG que j’avais rencontré l’automne dernier. Cela me ferait plaisir de les revoir.

RESTONS AU CHAUD ! :

Je me lève assez tard aujourd’hui : 7 heures et demi. Je crois que j’ai compensé complètement les 6 heures d’écart avec la France. Au léger bruit que j’entends, il va faire frisquet. Comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas tant la température que le vent qui apporte la sensation de froid. Et aujourd’hui, non seulement il y a du vent, mais la température est basse : Cela promet !

Le début de matinée est ponctué de nouvelles un peu décevantes, les amis de MEG ne pourront pas venir. Nous allons donc nous retrouver seuls. Et puis, nous n’allons pas faire grand chose : Impossible de sortir par un temps pareil. Il fait très, très froid, même pour des québécois… Alors pour moi, un pauvre petit français, pensez-donc ! Nous nous permettrons juste une nouvelle sortie au magasin RONA pour continuer la sélection des futures couleurs de l’appartement. Cela aussi c’est une histoire complexe.

J’attends les photos des murs, une fois le travail terminé. Parce qu’on a commencé par le vert, avec quoi ? Et bien, du jaune. Et pourquoi pas un bandeau de bleu ? C’est décidé… Et puis, si on enlevait le bleu et qu’on le remplaçait par une baguette de bois. D’accord. Et puis non, on enlève le bois… Tout un poème j’vous dis ! Et encore, je vous passe les nuances internes de chaque couleur précédemment citée. Tant et si bien que je ne parierais pas sur la couleur finale. Cela sera sans doute très bien, mais imprévisible… Le tout est que cela s’accorde avec les tableaux bleus artistiquement élaborés par une grande spécialiste : Mademoiselle MEG !

Les rares instants passés au dehors me confirment l’insupportable intensité du climat actuel : -30°C au plus chaud… C’est un jour à se confiner sagement dans la douce chaleur d’un appartement. D’ailleurs, c’est ce que je fais avec délectation, en plus il y a encore un match de foot à la télé… Mais, nous devons sortir ce soir, pour souper chez la mère et le beau-père de Cri. Je suis gentiment convié : Je promets de ne pas déranger…

Nous nous rendons donc. Comme partout, c’est une tradition québécoise je pense, mieux, une façon de vivre, l’accueil est chaleureux, convivial et sans artifice. De plus, le beau-père de Cri, musicien, regarde une vidéo de Paul Mc Cartney en concert à The Cavern : Que demander de mieux ? Selon leurs propres dires, ce sont de vrais « Colons » ! On dirait chez nous des paysans… Ne vous inquiétez pas, c’est comme cela que j’aime les québécois ! Pour ne rien gâcher, le repas est fort bon. Et puis, ô joie ! Le désert consiste, ni plus ni moins, en une exquise tarte au sucre. 17 mois que j’en rêvais… Un délice, je vous dis cette chose là. Brièvement réchauffée et couronnée d’une boule de crème glacée. Waowww !!

Bon, il faut redescendre de ces sommets gustatifs… Nous gagnons le sous-sol où est aménagé le salon de musique. J’y découvre deux Fender, une Stratocaster et une Télécaster, bien évidemment, et une Godin électro-acoustique, du plus bel effet. Le tout dans une vaste pièce idéale pour le confort de n’importe quel musicien. Il n’y manque qu’un piano ou une batterie… Je veux une salle comme cela quand je serais grand, pour y mettre mon Steinway… Ben quoi ? On peut rêver, non ? Une petite heure de Rock’n’Roll pour digérer et il nous faut penser à rentrer. Je suis le seul à être en vacances… Ce qui ne veut pas dire que je vais dormir tard. Non, j’ai des tas d’activités de prévues, notamment mon baptême de motoneige. Il faut juste que la température daigne se montrer un peu plus clémente. D’après l’expérience de mes amis québécois, l’idéal est une température assez froide pour que la neige soit dure. Froide, mais pas trop !

SKIDOO, WENDAKE… ET MARJO :

Je suis comblé : Le soleil est royal et le vent a bien chuté. Parfait ! Je sens que je vais m’éclater sur les pistes forestières. Le tout est que je n’aille pas m’éclater réellement sur un arbre. Je vais écouter les conseils de prudence de MEG et tenter de ne pas céder à mon envie de vitesse. Mais, avant cela il va falloir que je parvienne au mont Sainte-Anne, la station de ski la plus proche. Heureusement que Cri m’a admirablement renseigné. Si je me perds, je ne pourrais n’en vouloir qu’à moi. En fait, mon plus grand souci sera sans doute de retrouver le chemin de l’appartement : On verra bien.

Je pars sur la route en direction de Sainte-Anne de Beaupré. Comme prévu, j’y parviens environ une demi-heure plus tard, après avoir suivi le Saint-Laurent complètement et profondément gelé. Avec le soleil matinal, la lumière se reflétant sur les congères est superbe. Si je m’écoutais, je m’arrêterais tous les dix mètres pour admirer le spectacle… Qu’importe, je stopperais au retour du côté de l’île d’Orléans. Rapidement, j’escalade les pentes du mont à la recherche d’un centre de location. Je parcours ainsi bon nombre de kilomètres, dépassant les villages et je suis saisi par la beauté du décor. Surtout aux endroits d’où l’on peut apercevoir au loin le Saint-Laurent : C’est beau ! Finalement, je m’arrête chez un loueur, bien content d’en finir avec le brouillard de neige soulevé par le vent et je m’apprête à découvrir les joies et les douleurs de la motoneige. Le prix est un peu élevé, et puis je m’y prends un peu tard : Je n’ai droit qu’à une heure… Mais, bon, pour un début cela devrait suffire. Je m’habille et, le temps d’une succincte explication sur le fonctionnement de l’engin, je pars affronter la nature et les –20°C dans le vent.

Les premiers kilomètres se passent à allure modérée, très modérée… Je ne suis pas trop rassuré. Puis, je pénètre dans la magnifique forêt où la piste devient plus technique, et fatigante. Peu à peu je prends la machine en main et ma vitesse de croisière augmente. 30, 40, puis 50 km/h/ Les sensations arrivent. Je suis en pleine possession de mes moyens quand vient le temps de rentrer au bercail. Cette fois-ci, les lignes droites ne me font plus peur et je brise le mur des 100 km/h, le moteur étant bridé à 105. Là, cela va vite… J’ai oublié les conseils de prudence… Excusez-moi. Mon chemin de retour est bien plus rapide, je maîtrise la situation. J’arrive au parking heureux de ma randonnée mais endolori par les sauts et les ruades. Je n’ai qu’une seule envie : Repartir bientôt. Je prends le numéro pour pouvoir réserver dès le prochain jour de grand beau temps et je repars vers Québec le sourire aux lèvres. La prochaine fois j’irai plus avant dans la forêt. Cela va être extra !

Je me décide, peu avant de rentrer dans la ville, d’aller faire un tour sur l’île d’Orléans, patrie de Félix Leclerc. Je franchis le pont enjambant la banquise laurentienne et je m’arrête au point de vue en bout de celui-ci. Au loin apparaît Québec, accrochée à sa falaise. Le château Frontenac dominant le goulet et régnant sur un océan de glace : Fabuleux ! Puis, je circule quelques temps sur les petites routes enneigées de l’île, allant à Saint-Pétronille, une petite localité elle aussi magnifique. Certaines maisons sont de véritables rêves de bois. Elles ont, pour seule et unique vue le Saint-Laurent immobile et la Côte leur faisant face, blanche et sauvage. Un petit paradis, pour personnes aisées… Quoique, comparativement aux prix pratiqués en France, ceux-ci restent encore relativement abordables !

Après ces quelques minutes de rêveries, je profite du temps que j’ai encore devant moi pour aller rendre une nouvelle visite aux indiens Hurons du village Wendake. J’ai envie de me remémorer certains détails de leur culture. Je me souviens aussi des petits problèmes que nous avions rencontrés avec MEG pour nous rendre sur le site du village traditionnel. Je fais travailler ma mémoire et réussi à reconnaître le chemin. Je débarque ainsi pile poil à l’entrée.

En attendant l’heure de la visite guidée, je me dirige dans la boutique artisanale et y récolte nombre d’objets divers, surtout des livres. Puis, on m’appelle pour la visite. Un vent frais souffle, la visite est en plein air, résultat : Je suis seul avec le guide. Une visite privée en quelque sorte. Nous reprenons le chemin habituel et je réapprends le mode de vie huron. Je découvre même certains détails que le premier guide avait omis de signaler.

Premier arrêt, la maison longue. Contrairement à notre idée, les Hurons vivaient dans des huttes. Les tepees étant utilisés uniquement par les tribus nomades des grandes plaines américaines. Dans ces huttes qui pouvaient mesurer jusqu’à 60 mètres de long pouvaient vivre une cinquantaine de personnes. A raison de deux familles par feux. La société était de type matriarcale. Les enfants appartenaient au clan de leur mère. Les femmes étaient les chefs de famille. Elles décidaient de tout ce qui concernait leur famille. Les hommes s’occupaient de politique au sein du conseil. Un conseil présidé par le grand chef nommé par les femmes.

Au dehors se trouvent les fumoirs et les séchoirs pour les viandes et poissons. Les uns et les autres étaient séchés au soleil et réduits en poudre ou fumés et pouvaient être conservés ainsi pendant 4 à 5 mois. Ensuite il y a la tente de sudation utilisée pour purifier le corps et l’âme. Ceci en mélangeant l’effet d’un sauna et la fumée d’un mélange de plante dont la sauge et le tabac. Le tabac a d’ailleurs été importé en Europe à cause des indiens qui le fumaient pour des raisons mystiques et dont l’usage, en traversant l’Atlantique, a été légèrement détourné. Puis, nous rentrons dans la hutte du chaman. La médecine chez les Hurons était divisée en trois ordres. Les maladies visibles, guéries par les plantes. Les maladies invisibles que l’on guérissait en réalisant les rêves des sorciers et des malades. Et, enfin, les maladies dues aux esprits, des envoûtements qui nécessitaient des rituels particuliers.

Après cela, je découvre l’histoire des tribus de Hurons. Au tout début, ils vivaient dans la région des grands lacs (d’où le nom de lac Huron). Ils étaient sédentaires et agriculteurs et ne changeaient leur village de place que lorsque la terre était épuisée où que le bois de chauffage se trouvait à trop grande distance. Les femmes travaillaient aux champs et les hommes s’occupaient des travaux pénibles, de la chasse et de la pêche sous la glace l’hiver. Ils étaient appelés Hurons par les missionnaires à cause de leur coiffure : La hure. Puis, suite à l’arrivée des européens, ils ont émigrés vers la région de Québec, chassés de leurs terres par les iroquois des 5 nations, alliés des anglais. De 1635 à 1690 ils sont passés de 25000 à environ 300. Donc, pour survivre, ils ont du se métisser en grand nombre avec les colons français. Ce qu’il fait qu’il reste peu ou pas de Hurons véritables. Du moins dans l’apparence physique. Aujourd’hui ils sont quelques milliers et préservent du mieux possible leurs traditions.

Ces traditions qui se retrouvent dans leur artisanat. Les canots en font partie. Ils étaient faits en écorce de bouleau et rendus étanches par de la graisse d’ours et de la résine de sapin. Actuellement, il ne reste que deux familles qui connaissent la façon de faire. On utilise maintenant la fibre de verre qui recouvre une armature toujours en bois, du thuya. Les raquettes, elles, sont fabriquées avec du frêne et le cordage est de cuir humidifié. Il faut 70 minutes pour les réaliser. Les amérindiens utilisaient également des luges pour transporter le matériel. Plus au nord, les Attikameks, les Cris et les Montagnais utilisaient des traîneaux à chiens car, avec le froid, la neige y est plus dure que vers les grands lacs.

Enfin, un tepee ou wigwam est installé, pour rendre compte des autres nations amérindiennes. Celui-ci est rapidement démontable et mesurait 5 mètres de haut avec un diamètre de 6. Celui présenté dans le village est un peu plus grand pour accueillir le public. A l’intérieur sont présentés des documents relatifs aux lois régissant les réserves. Certaines de ces lois stipulent que les blancs n’ont pas le droit de pénétrer dans les réserves. Donc que je suis en tort et passible de prison… D’autres lois précisent que les indiens ne sont pas émancipés, donc qu’ils sont sous la tutelle du gouvernement. Mais, ils ont le droit de vote. Et, s’ils vivent et travail dans la réserve, ils sont exemptés de taxes et d’impôts. Maintenant, les indiens de Wendake ont une école, où les jeunes enfants apprennent la langue et les chansons huronnes, une police et une banque. Une des grandes concessions qu’ils ont faites à leur culture et d’avoir abandonné le système de nomination du grand chef par les femmes et de l’avoir remplacé par une élection. Sinon, le village est toujours dirigé par le conseil. Et, après une période de déclin, la culture amérindienne revient en force chez les jeunes qui tiennent à ne pas oublier leurs racines. Il est dommage que le vent froid m’empêche de prolonger la visite, la discussion avec le guide étant fort intéressante, mais je dois songer à rentrer pour me réchauffer. Je regagne donc le boulevard de la Morille, effaçant mes doutes sur mes capacités à me diriger dans Québec. Je m’en sors comme un chef, pas un grand chef, mais un chef quand même.

Ce soir, je dois prendre contact avec l’autre « super cousine », MD. Elle a fini sa garde à l’hôpital et elle sait, à la suite d’un échange de message Email, que je me trouve chez sa cousine, à quelques kilomètres de chez elle. Je suis content de pouvoir la revoir après nos aventures impérissables du mois de juin ! Lorsque Cri revient à l’appartement, il m’apprend une vraie bonne nouvelle : MEG va venir avec MD. J’en suis ravi ! MD arrive en effet et, comme avec MEG, je dois repasser les événements qui ont marqués mon début de séjour. Malgré ma fatigue et mes douleurs post motoneige, je me sens bien, entouré de personnes que j’aime réellement. La soirée est tranquille, devant la télé. Le repas est typique : Hamburgers maisons concoctés par Cri. Ah ! C’est autre chose que du Mac Do’ ! Ca c’est du bon hamburger. MD s’est chargée du dessert : Les fameux chaussons Pillsberry à la framboise. Je dois avouer que ce n’est pas mauvais du tout. De toute façon moi, quand il y a du sucre… La soirée passe ainsi jusqu’à l’heure du sommeil réparateur. Un dernier au revoir à MD en promettant de se revoir avant mon départ et au dodo.

LE PARLEMENT ET UN CHAPEAU :

Décidément, je me répète encore et toujours : Il fait beau. Il fait toujours beau ici, c’est pas croyable ! Un grand soleil et la même température qu’hier. C’est à dire un peu piquante en dehors de l’abri du vent. Vive le Québec en hiver ! Je vais pouvoir me promener tranquillement dans la ville.

Ma journée va se dérouler intégralement dans la haute ville ou juste à sa périphérie. Je vais, grâce à l’intervention avisée de MEG, découvrir le Parlement de Québec, siège de l’assemblée de la province. Puis, j’irais terminer ma visite du musée de l’Amérique Française. Je réaliserais également quelques achats : J’ai déjà une petite idée de mes emplettes. Sans oublier de photographier certaines des statues de neige sur les plaines d’Abraham.

Je me dirige vers le centre ville, comme si j’avais toujours vécu à Québec : Je m’oriente aisément et n’éprouve plus le sentiment d’égarement que j’avais ressenti vendredi, en arrivant. Ma première occupation est de prendre les photos. Je profite pour cela de l’heure matinale et, donc, du faible nombre de visiteurs. Pour le « fun » je prends les statues les plus humoristiques. Puis, logiquement, les plus belles. Je suis admiratif devant le travail des artistes qui ont réalisé ses œuvres : L’imagination au pouvoir !

Une fois les photos dans la boîte, je pars vers le parlement tout proche. Là, on m’apprend que la visite ne pourra se dérouler qu’à 13 heures. Mon programme s’en trouve chamboulé. Que vais-je faire maintenant ? Voyons l’heure… Oui, j’ai le temps, allez hop ! Au musée. Je descends les rues dans le froid. Le vent se fait sentir et mes gants ne se montrent pas assez épais pour couper les vagues d’air glacial. Je commence, pour la première fois, à avoir vraiment mal aux doigts lorsque j’arrive au musée. Il était temps ! J’ai mal…

Bonne nouvelle, le mardi c’est gratuit. C’est toujours cela de gagné. Je dois finir l’exposition consacrée aux francophones de l’Amérique du Nord, elle m’avait paru très bien faite. En effet, elle est à ne pas rater. Et puis, pour nous français de France, elle est très instructive. Pour nous, il faut reconnaître que les français d’outre-Atlantique se limitent aux québécois, et pour une moindre part, aux habitants de la Louisiane. Et pourtant, il en existe bien d’autres. Non seulement au Canada mais aussi aux Etats-Unis. Pêle-mêle, il s’agit du Dakota, de l’Iowa, du Manitoba, de l’Ontario, de l’Acadie, du Maine et de la Nouvelle-Angleterre. Liste non-exhaustive. Toutes ces personnes vivent et veulent demeurer avec la langue française. Pour certains, le Québec est un Eldorado incroyable où l’on peut vivre ouvertement et sans honte en tant que francophone. Honnêtement je ne connaissais pas cette partie de l’histoire de l’Amérique. Très, très intéressant ! On y trouve même des documents sur l’origine géographique des noms de famille. La plupart viennent de Normandie, de Bretagne, de l’Ile de France et de Bourgogne. C’est d’ailleurs pour cela que le français s’est ancré si profondément en Amérique. En effet, à une époque où en France même le français était loin d’être répandu partout. Les immigrants parlaient tous cette langue. Pour la petite histoire, l’édit imposant le français comme langue officielle en France date de 1539. Après la découverte du Québec ! Le français aurait très bien pu ne jamais s’y imposer…

Mais l’heure est venue de regagner le parlement. Je sens que je vais encore avoir très froid… Allez, du courage. Je remonte les rues typiques de la vieille ville de Québec, qui prend parfois des allures d’ancienne cité française. Elle est belle sous la neige. Comme une jolie femme qui se maquillerait pour séduire encore plus, Québec s’est parée de blanc pour capturer les regards des visiteurs de passage. Québec est une ville fatale.

Je parviens, bien gelé, au parlement et j’entame la visite avec le guide. Je ne suis pas fanatique d’architecture, mais j’avoue que le bâtiment est très beau. Partout il est orné de décorations, sculptures, peintures et vitraux. Certains symboles reviennent plus fréquemment que les autres : Les armoiries avec les 3 Lys et les 3 Lions représentants la France et l’Angleterre. Puis des fleurs, roses, chardons et trèfles en l’honneur de l’Angleterre, de l’Ecosse et de l’Irlande. On trouve les armoiries de la Belgique et des Pays-Bas qui ont contribués au développement du Québec. Ensuite, on passe aux chambres parlementaires. L’une est bleue, l’autre est rose. Les décors y sont, évidemment, superbes. Cela vaut le coup de faire un détour par ici, et puis la visite ne dure pas longtemps.

Pour finir ma journée, je m’en vais me balader dans la ville haute. Mais le froid est trop présent et je me réfugie dans les boutiques fréquemment pour regagner quelques degrés. Je ne pourrais pas rester des heures dehors, oh non. Dans l’un de ces magasins, je dégotte un chapeau comme j’ai toujours voulu avoir. Un chapeau de Cow-Boy, fabriqué par les indiens, en peau de chevreuil. Il est superbe et je ne peux résister à son appel. Même si je vais avoir du mal à le ramener sans l’abîmer, je l’achète immédiatement : Il me servira pour mon costume, virtuel pour l’instant, de scène.

Avec tout cela, il se fait tard. Et le froid se fait encore un peu plus intense. Je rentre ! Je retrouve mes hôtes qui me dorlotent et me font découvrir de nouvelles spécialités locales. Notamment des gâteaux pré-préparés au chocolat. C’est difficile de se retenir devant de si douces gâteries. Demain il faudra que je bouge pour éliminer toutes ces calories… Pour l’heure je songe plutôt à plonger dans mes rêves.

LE MUSEE DE LA CIVILISATION :

Ma première mission, si je l’accepte, est de réserver ma motoneige pour demain, il paraît qu’il va faire beau. Puis, je vais me rendre au musée que je n’avais pas pu visiter l’année dernière. Tout le monde dit qu’il est incontournable : Je vais bien voir. De toutes façons, c’est un jour à rester enfermé : Il neige continuellement, ce qui a pour effet positif de relever la température presque jusqu’à 0°C. Mais, pour visiter ce n’est pas ce qui est de plus agréable. Un bon musée conviendra parfaitement.

Le musée de la Civilisation est situé au bord du fleuve, dans la basse ville. Il est immense, il n’y a pas d’autre mot. Il s’étend sur deux étages ne comportant pas moins de dix expositions, certaines permanentes et d’autres temporaires. Je commence par celle appelée Lunes. Tout y est rassemblé. Des influences de notre satellite à sa cartographie à travers les âges, en passant par sa conquête. Une masse d’informations, de documents et d’objets représentatifs. Quand on connaît mon intérêt pour les sciences, on n’est pas étonné de mon enthousiasme. Cette exposition est prolongée par une deuxième où l’on découvre les caractéristiques de la Lune, sa gravité, sa température…

Quelques autres expositions sont moins intéressantes, non pas qu’elles soient mal faites, mais leur sujet ne me passionne pas plus que ça. Ce sont, en vrac, la salle sur les femmes africaines, celle sur le festival d’humour de Montréal et les comiques francophones, celle sur les bienfaiteurs du musée et la dernière concernant les enfants. En revanche, les trois dernières méritent vraiment le détour, en tout cas à mon avis.

Tout d’abord l’exposition Mémoires. Elle concerne la mémoire des québécois, leur histoire moderne. C’est assez court mais dense à visiter. Une activité marquante est la découverte des différents accents du Québec. Que ce soit la Gaspésie, Montréal, Québec ou le lac Saint-Jean. Je confirme là mes progrès en québécois en reconnaissant presque à coup sûr tous les accents. Juste à côté j’apprends la toponymie de la province. Tous ces noms venus du français bien entendu, mais aussi de l’anglais et évidemment des langues indiennes. Je parviens même, alors que j’avais cherché cette information en divers endroits, à savoir l’équivalence des diplômes entre la France et le Québec. Pour ceux que ça intéresse, j’ai un DEC professionnel. Pas trop mal mais peu mieux faire…

De là, je passe à l’exposition sur l’eau au Québec. En effet, la belle province est un immense réservoir d’eau douce et commence seulement depuis quelques années à se consacrer vraiment à la préservation de cette ressource essentielle. Et puis, c’est un domaine dans lequel j’aimerais bien venir travailler si j’ai un jour l’occasion de passer une « couple » d’années au Québec. L’eau au Québec, toute une histoire lorsque l‘on sait qu’il s’y trouve quasiment une rivière par habitant. Le Québec n’est pas une province maritime, mais sans aucun doute un territoire aquatique. Et puis, avec le Saint-Laurent qui attire à lui presque toutes les grandes villes… L’eau est partout !

Avant de visiter la dernière, très grande, salle, je vais me restaurer. Le musée, de part sa taille, s’est doté d’un café-restaurant. Je ne connais, en effet, personne, qui ne pourrait passer ici qu’une demi-journée. C’est bien trop grand. Cela me donne l’occasion de m’asseoir et de récupérer un peu. Cela fait bientôt trois heures que je marche et il m’en reste au moins deux pour terminer mon séjour dans ce musée. Je tiens à profiter pleinement de la visite de la dernière salle. Son thème m’intéresse tout particulièrement.

Cette dernière exposition est, à mes yeux, la plus réussie. Elle s’appelle : Nous, les premières nations. Le titre est, je pense, explicite. On ne va parler ici que des amérindiens, Inuits, Iroquois (sédentaires), Algonquins (nomades). 3 grands groupes regroupant 11 nations officiellement reconnues au Canada. Je navigue entre témoignages d’indiens et objets divers. Des canots, des tepees, des sculptures inuits. J’apprends ainsi la difficulté de la cohabitation avec les immigrants européens, qui dure encore de nos jours. Les indiens ont accueillis les blancs, certains disent, sans doute avec raison, que s’ils avaient été aussi sauvages, ils auraient rejeté les premiers explorateurs à la mer, les auraient exterminés, et la découverte de l’Amérique s’en serait trouvée bien plus difficile. Ils ont appris aux premiers colons comment survivre aux rigoureux hivers, et comment tirer partie de la nature environnante. Ils étaient aussi d’habiles négociateurs et ont conclu de nombreuses alliances commerciales avec les européens. Ils n’étaient certainement pas aussi sauvages et stupides que certains ont bien voulu le dire. Puis, au fur et à mesure de l’implantation des blancs, leur mode de vie a été complètement chamboulé. Ils se sont retrouvés dans des réserves, alors que la plupart étaient nomades et ils ont eu beaucoup de mal à défendre leurs traditions. Actuellement, cependant, la plupart ont obtenu leur autonomie politique. Tout n’est pas parfait, mais la situation prends certainement une direction plus équitable. Le but étant de faire cohabiter tous les habitants de cet immense continent. Les premières nations et les suivantes. Je tire de cette exposition de nombreux renseignements pour mon futur roman. Il ne me reste plus qu’à l’écrire… Et bien voilà, la visite est terminée. Et puis, après une telle journée, je ne peux plus assimiler de nouvelles informations : Mon cerveau est plein. De toute façon il est l’heure de m’en aller retrouver mes deux hôtes. Lorsque je sors, la neige s’est arrêtée mais elle a laissé une belle couche blanche et épaisse. Ce n’est pas désagréable pour les yeux.

Comme toujours, Virginie attire à elle les téléspectateurs québécois. Voilà l’occasion pour moi de louer l’exceptionnelle créativité québécoise. Un pays (oui, je sais ce n’est pas un pays), une nation de 7 millions d’habitants produit autant d’œuvres que la France. En tous cas je pense, de meilleure qualité. Que ce soit dans le domaine télévisuel, cinématographique ou musical. Et puis cela marche ! Les feuilletons ont une audience considérable, les films un public fidèle et les chansons, alors là, c’est l’apothéose. Je crois qu’on ne compte plus les albums passant le cap des 100.000 : Ramené au volume de la France on ne serait pas loin du million ! Je pense même que certains disques doivent être présents dans une famille québécoise sur deux, si l’on prend pour base 5 personnes par famille. De plus, la qualité n’est pas absente, bien au contraire. Il y a là des exemples à prendre…

Ce soir, je vais chez MD, puisque c’est la dernière occasion pour moi de la voir. Demain elle commence une nouvelle garde de 24 heures. Je pars donc vers Sillery. J’ai son adresse et une idée de l’emplacement de sa rue. Je n’ai pas envie de me perdre par cette nuit d’hiver. Heureusement je trouve aisément mon chemin et perds le plus de temps à chercher la maison dans la rue Power. Puis, j’ai un peu de mal à trouver l’entrée mais, finalement, je parviens à mes fins. MD me reçoit dans la belle maison qu’elle occupe avec plusieurs amis colocataires. Il y a de la place, il faut dire. De jour, la vue doit être superbe étant donné qu’elle donne sur le fleuve en contrebas. J’en ai déjà eu un aperçu lors mes balades en voiture dans Québec et ses villes limitrophes. On fait pire comme décor, je vous le promets.

Cela me fait plaisir de passer ces quelques minutes, pour lesquelles j’ai fait l’effort de lutter contre une grosse migraine, avec MD. On profite de cette soirée pour se raconter les dernières nouvelles de nos petites vies respectives. Je n’ai toujours pas fait la connaissance du fameux Nic, son « chum ». Ce sera pour la prochaine fois n’est-ce pas ? Sans doute lors de mon futur voyage, parce qu’elle doit d’abord finir ses longues et difficiles études de médecine avant de pouvoir repartir se promener de part le monde. Encore 3 ou 4 ans il me semble. J’ai cependant l’occasion de faire connaissance avec quelques-uns et quelques-unes de ses ami(e)s. Allez, un dernier « bec » et l’on se quitte une nouvelle fois. A bientôt, peut-être…

Je m’en retourne au boulevard de la Morille. Il se fait tard et ma migraine s’est enfin calmée. Je passe à travers les rues illuminées de Québec. Il parait que c’est encore plus beau à Noël quand toutes les maisons sont décorées. Il en reste cependant une bonne partie brillant de mille feux. Mes yeux sont ravis et comblés. Arrivé à bon port je retrouve mes patients amis qui me supportent depuis une semaine. Puis, je regagne mon lit. Demain, dernière journée à Québec, et nouvelle aventure en motoneige. Je suis impatient !

AVENTURES AU MONT SAINTE-ANNE :

Jeudi matin, je commence déjà à apercevoir, malheureusement, le bout du voyage. Cette journée se doit d’être réussie pour que je ramène en France un souvenir idyllique de mon deuxième séjour. Deuxième mais certainement pas second… Pour bien commencer, la météo est de la partie. Même si l’on prévoit l’arrivée des nuages et du vent pour l’après-midi. J’aurais sans doute le temps de profiter à fond du soleil auparavant.

Bon, ma séance de motoneige débute seulement à 13 heures. En comptant un peu plus d’une demi-heure de route pour me rendre sur place, cela me laisse 3 bonnes heures de promenade en ville. J’ai fort envie de me rendre dans la basse ville pour admirer les vieilles bâtisses et Notre-Dame-des-Victoires, l’église la plus ancienne au Québec. Je sors et je suis surpris par la douceur de la température. Malgré le soleil il fait quand même –5°C. C’est pas pire.

J’arrive dans la ville et je suis sous le charme. Les vieilles maisons se pavanent au soleil, sous leur couche de neige. Des stalactites de glaces pendent au bord des toits. Je comprends mieux ce que voulait dire Charlebois « J’ai besoin de sentir le froid…Rejaillir au bord des toits, comme des glaçons de bonbons clairs. » Avec les rayons du soleil s’y reflétant, c’est une vision quasi féerique. Devant les nombreuses boutiques de ce quartier très touristique, une association a taillé de splendides statues de glace, servant d’enseignes. Vraiment, cette ville est mignonne tout plein. Un charme désuet mais bien réel. Un mur est même peint en trompe-l’œil d’une magnifique fresque représentant les québécois à travers les âges. De la très belle ouvrage. Je me promène de part les rues et j’en profite pour acheter les dernières commandes que l’on m’a passées de France. Je ne sais pas comment je vais fermer mon sac, mais c’est une autre histoire… Pour l’heure je rentre manger avant de partir en randonnée forestière.

Mon léger dîner avalé, je prends la route vers le mont Sainte-Anne. Je sens, je sais, que je vais vraiment me faire plaisir sur mon engin glissant. Comme un vieil habitué, une fois rendu sur place, je m’équipe et me renseigne sur le parcours à emprunter. J’ai trois heures devant moi, je peux donc m’octroyer une belle balade. Le plan et les conseils du loueur me donnent quelques points intéressants à aller voir. Je suis paré, je peux m’élancer sur les blanches pistes.

Le début du parcours est identique à celui de lundi. Logique, il n’y a pas cinquante chemins qui passent par le centre de location. Cependant, rapidement, je bifurque et rentre au cœur de la forêt. Les sensations sont incomparables, quelle vitesse ! Parfois, je stoppe le moteur et je descends marcher dans la neige. Je suis frappé par le silence. Ce silence qui me prouve que je suis seul dans la nature. D’ailleurs, lorsque je remonte sur la motoneige, je croise rarement d’autres engins. En moyenne une rencontre tous les dix kilomètres… C’est un peu normal, l’espace est grand et nous sommes en semaine. C’est tellement agréable de pouvoir se mêler aussi intimement avec la forêt. Au détour d’un virage, je parviens en surplomb d’une rivière totalement gelée. Au fond un petit chalet accessible uniquement en motoneige est perdu au plus profond du canyon. Ce doit être étrange de vivre là-dedans. Je ne sais pas si je pourrais…

Je reprends ma route, serpentant entre les arbres, m’offrant quelques instants de haute vitesse, entrecoupés d’arrêts d’observation du paysage. C’est tellement beau ici ! Que l’on regarde vers les sommets où vers le fleuve, tout est superbe. Les arbres, les rivières, les montagnes, le Saint-Laurent, tout me plaît, sans choix possible. Je roule, je glisse, je « motoneigise », jusqu’à Saint-Ferréol-les-Neiges. Une belle promenade de plus de 100 kilomètres ! Je suis heureux mais épuisé par cette excursion physique. Je reviendrais dès que possible reprendre les commandes d’un tel engin. Revenu au centre de location, je discute un peu avec le gérant et lui conte mes aventures. Je pense qu’il doit avoir l’habitude de ces touristes emballés par leur expérience. Il me raconte que, en fin de saison, ils partent en famille le long de ses pistes interminables. Pensez-donc qu’on peut traverser le Québec de bout en bout sur sa motoneige. On trouve le long de la route des relais pour se détendre et refaire le plein. Puis on peut s’arrêter dans des refuges pour passer la nuit. Il faudra que je me fasse une randonnée de quelques jours une fois prochaine. Pour cela je disposerais sans doute d’une machine beaucoup plus puissante, 1100 cm3 au lieu de 380. Là je suis sûr de pouvoir dépasser le 105 km/h. Mais je n’irais certainement pas aussi vite que le loueur qui m’affirme avoir atteint sur les longues lignes droites la vitesse impressionnante de 180 km/h. Je n’ose pas y penser, pas même dans mes pires cauchemars. Je me suis fait assez peur à 80 dans les virages franchis tout en glissade. Je ne suis pas si courageux que cela !

Enfin, je rentre à Québec, pour ma dernière nuit. Je profite des premières minutes du soir pour prendre une ultime bouffée de la belle ville coquette. C’est vraiment superbe, trop pour mes pauvres yeux peu habitués à tant de blancheur. Je me dirige finalement vers l’appartement de Cri et MEG pour passer ma dernière soirée avec eux qui m’on accueillit de si belle manière. J’ai de la chance de les avoir connus !

Pour commencer la soirée, après Virginie, je mets mes modestes talents littéraires au service de Marie qui rédige une réponse à des offres d’emplois. Tiens, tiens, y aurait-il du changement dans l’air ? Bonne chance Miss Marie ! Puis, malgré l’heure avancée, environ 21 heures, nous partons à pied vers le « dépanneur » proche pour acheter un petit peu de lait. Les rues sont désertes, comme dans tous les secteurs résidentiels le soir, et la nuit est belle. Un petit vent vient juste rafraîchir l’atmosphère. Mais bon, on est quand même à –11°C sans vent et –20°C avec. Finalement, c’est très supportable, presque agréable. D’accord, je ne suis peut-être pas un bon exemple, parce que je m’adapte facilement à toutes les températures, mais le froid québécois ne me déplaît pas du tout. Pourtant, il nous faut plus d’une demi-heure pour effectuer l’aller-retour, largement de quoi laisser le froid nous gagner. Mais, non, c’est facile de vivre l’hiver au Canada. J’y reviendrais.

De retour, nous commençons nos adieux, car demain matin nous ne ferons que nous croiser avant que mes deux hôtes partent travailler. Je sais que Cri a bien envie de découvrir à son tour l’Europe. Le voyage de sa « blonde » et les souvenirs qu’elle en a ramené le pousse dans cette voie. Je suis tout prêt à les recevoir. Je pense que nous nous entendons bien, suffisamment en tout cas pour se supporter pendant quelques jours (et puis j’ai promis à Cri de lui faire découvrir l’ambiance des matches de soccer)… Vive le Québec et les québécois ! Et, vive MEG, Cri, MD et toute la famille !



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