LA BOUGIE
Cela m'aurait plût que ma vie puisse ressembler à la lumière dansante et chatoyante d'une bougie. Celle que l'on dépose sur la table d'un dîner d'amoureux. Celle dont la lumière est synonyme de calme, d'intimité et d'amour. Cette bougie qui coule dans vos cœurs comme ses gouttes de cires ; Chaude, douce et utile. Oui, j'aurais aimé que ma vie soit de celles qui réunissent les cœurs et les âmes, et qui, discrètement, se fondent dans le temps, emportant avec elles l'amour tant souhaité. Un amour fort et réciproque. Une vie simple peut-être, mais heureuse et généreuse.


Hélas, j'ai la douloureuse sensation, souvent, d'être comme cette cigarette négligemment oubliée sur le rebord d'un cendrier abandonné. Qui se consume lentement, dégageant ses volutes bleues, inutiles, et dont la fumée, trouble et malodorante, se rappelle épisodiquement à vos sens. Alors, on vient un peu tirer sur elle, juste pour lui faire reprendre espoir... Et on la repose, puis on l'oublie de nouveau jusqu'à la prochaine bouffée. Enfin, un beau jour, la dernière cendre tombe, et le petit tas de braises poussiéreuses se disperse au gré du vent, au gré du temps, dans le néant. Cette pauvre cigarette qui, l'espace d'un instant, n'aura voulu que donner du plaisir, n'aura finalement servi qu'à distiller encore un peu plus de mal.


Pensez-y lorsque vous allumerez votre cigarette à la flamme d'une bougie ; vous enverrez peut-être un peu de mon âme à sa perte.