Je vois, oui, je vois tous ces gestes de tendresses, Ces mots doux, ces mots d’amour, ces petits riens qui font tout ! Je la vois se laisser aller, complètement, sans retenue. Adossée à sa chaise, une main tenant sa cigarette, l’autre passée dans son dos à lui. Les yeux mis-clos, perdus dans le vague, dans ce monde qui n’appartient qu’à elle, qui n’appartient qu’à eux, seuls ! Seule à seuls !

Je vois sa tête se poser lentement, langoureusement, sur son épaule, la bouche entrouverte, exhalant de petites volutes blanchâtres. Elle écoute sa voix, ce qu’il dit n’a même plus d’importance. Seule compte la mélodie douce et tendre des inflexions, des inspirations, des expirations. Je sens son cœur, d’abord emballé par ces retrouvailles tant attendues, se calmer, ralentir jusqu’à battre au même rythme que celui de son amant, son amour sa vie !

Je vois sa main à lui, glisser sur le fin tissu couvrant ses jambes, remonter, bien au-dessus du genou. Je vois ses doigts effleurer le haut et l’intérieur de sa cuisse en une lente caresse. Plus poignante, plus sincère, plus troublante qu’un quelconque ballet érotique…

Je vois leurs lèvres se frôler, se joindre, s’unir, fusionner. Le temps d’un baiser, le monde s’est estompé autour d’eux. Seule lumière au milieu de la brume, leur amour, l’espace d’une poignée de secondes, gomme l’Univers et les transporte ailleurs, là où personne n’aura accès, jamais !

Je vois ses lèvres parcourir, en une succession suave de baisers légers, la distance séparant la bouche au sourire craquant du nid douillet de l’épaule de son amour, son homme. Elle s’y blottit de nouveau, repue pour un temps, d’amour et de tendresse.

Je vois peu à peu qu’elle revient dans le monde « réel » qui l’entoure. L’épaule rassurante toujours au contact de la peau fine de sa joue. La voix grave berçant encore ses oreilles d’une chaude mélopée. Sa vision plus que jamais accaparée par ces yeux, ce sourire qu’elle aime tant.

Je vois qu’elle est bien, tout simplement. Elle se sent prête à replonger au cœur de la vie, de sa vie. Elle sait que va venir une autre nuit, si courte, si longue aussi… Si rare, surtout. Elle est heureuse. Elle rit. Elle est aimée. Elle est amoureuse !